Thomas Day & Olivier Ledroit, Wika – t.03 : “Wika et la Gloire de Pan”

Magie et Révo­lu­tion industrielle…

Avant d’arriver à l’idée de cette série, Oli­vier Ledroit vou­lait réa­li­ser un livre illus­tré, ins­piré de mondes fan­tas­tiques, se dérou­lant à Prague au XIXe siècle. Si le pro­jet est resté dans les car­tons, l’idée a fait son che­min et s’est déve­lop­pée avec le concours de Tho­mas Day. Ils ont sou­haité revi­si­ter, réécrire les thèmes des contes de fées dans un envi­ron­ne­ment steam­punk, ce mou­ve­ment lit­té­raire exal­tant la révo­lu­tion indus­trielle du XIXe siècle.
C’est ainsi qu’est née Wika où l’on retrouve les grands clas­siques des contes comme la malé­dic­tion d’une fée devant un ber­ceau, le par­cours ini­tia­tique de l’héroïne ou du héros qui passe par des étapes très éprou­vantes avant d’arriver à exis­ter en tant que tel et affir­mer sa personnalité.

Wotan, en larmes, tient dans ses bras sa fille Tita­nia, parce que la nais­sance de son fils Obe­ron a causé la mort de son épouse, la reine. Douze fées se penchent sur le ber­ceau appor­tant les pièces de l’armure du prince. Sur­vient Megg, la sor­cière de l’Est, qui lance un sort sur l’armure si Obe­ron l’utilise pour la guerre.
Après ce rap­pel des faits anciens le récit revient sur Wika dont le corps repose sur le nom­bril de Pan. Elle tente de résis­ter au Sidh qui lui détaille sa nature, ce qu’elle est et ce qu’elle sera.

Pen­dant ce temps, les sœurs Somores ont eu leur vais­seau détruit. Seule Ness est indemne alors de Gwy­nette se meurt et que Mata ne donne pas signe de vie. Gwy­nette presse Ness de prendre une cap­sule de sur­vie pour aller les ven­ger ainsi que Wika. Et le Sanc­tuaire brûle.
Wika retrouve sa conscience et la com­pa­gnie de Haguis le satyre. Ils rejoignent les sur­vi­vants à l’abri des véné­rables pierres du Crom­lech où le prince Rage est pri­son­nier dans une cage. Ness a pu rejoindre le repaire de Megg, sa grand-mère. Et celle-ci orga­nise la riposte…

Comme dans les contes, les auteurs placent des méchants qui s’acharnent à contre­car­rer les ten­ta­tives du Gen­til. Inté­grant fan­tas­tique et fan­tasy, les auteurs donnent un scé­na­rio agréable à suivre pour sa gale­rie de per­son­nages et pour les ava­tars, les mal­heurs de la jeune duchesse qui se révèle être une fée majeure.
Ils décrivent ainsi, à l’aide de méta­phores, la fin de la magie, la fin des super­sti­tions et l’arrive de l’Ère moderne. Mais l’être humain peut-il vivre sans mer­veilleux, sans récits abra­ca­da­bran­tesques sur des divinités ?

Si l’histoire est attrayante, le des­sin et la mise en cou­leurs sont excep­tion­nels. Oli­vier Ledroit pro­pose des planches entiè­re­ment déco­rées. Il n’y a pas de places vides, de fonds uni­formes, de décors mini­ma­listes. C’est du grand art, c’est du Ledroit ! Celui-ci n’hésite pas à modi­fier le sens de lec­ture, obli­geant ceux qui veulent admi­rer les pages à mani­pu­ler l’album, à le tour­ner, à le poser pour déplier les qua­druples pages de la bataille finale où le Bien triomphe.
Il s’est appro­prié le des­sin steam­punk, l’esprit de la fan­tasy qu’il com­plète avec des décors Art Nou­veau où dominent les entre­lacs, les frises flo­rales, le tout avec un sens de l’esthétique peu commun.

Avec ce troi­sième opus, qui clôt la série, on a un ensemble de planches de toute beauté, por­tant une his­toire qui se découvre avec plaisir.

serge per­raud

Tho­mas Day & Oli­vier Ledroit (per­son­nages et uni­vers), Oli­vier Ledroit (scé­na­rio, dia­logues, des­sin et cou­leur), Wika – t.03 : Wika et la Gloire de Pan, Glé­nat, coll. “24x32”, octobre 2019, 100 p.- 17,50 €.
for­mat ePub – 12,99 €.

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