L’Odyssée avec ces héroïnes, c’est mieux !
Dans ce diptyque, le scénariste entreprend de raconter les aventures de Pénélope qui a décidé d’aller rechercher Ulysse car, ne revenant pas, il devait: “…sûrement traîner dans des tavernes avec des filles de petite vertu sur les genoux…“
C’est ainsi que ces quatre dames vont vivre les aventures qu’un certain Homère a attribué, à tort, à Ulysse.
Sur un voilier, en mer Égée, il y a longtemps, trois femmes discutent d’une quatrième. “Vivement qu’elle retrouve son mari !” lance l’une d’elle. “Depuis qu’on est parties, notre reine est d’une humeur massacrante !” Il s’agit de Pénélope partie à la recherche d’Ulysse, son mari, en compagnie de Marpésia, une Gothe, d’Antiope et de Lampédo. Elles abordent sur un rivage et arrivent sur un champ de bataille où trône un énorme cheval en bois. Elles interrogent un vieil homme assis sur une marche. Il ne se fait pas prier pour raconter. Son récit s’étale sur la fin de la journée et toute la nuit.
Pendant ce temps Ulysse est rentré à Ithaque et apprend que Pénélope est partie le chercher.
Sur le voilier, elles ne peuvent plus se diriger à cause de la nuit. Elles jettent l’ancre qui assomme Triton, un fils de Poséidon qui nageait par là. Il veut venger l’affront et la grosse bosse qu’il a sur le front.
Le jour venu, elles abordent un nouveau rivage où fleure bon une drogue de l’oubli testée par deux des fidèles de la reine. Cette dernière les récupère et s’enfuit. Une tempête les projette sur un nouveau rivage où elles se retrouvent face à Polyphème le cyclope…
Le scénariste reprend les exploits contés dans l’Odyssée en les faisant réaliser par quatre héroïnes avec le parti pris de l’humour. Et l’humour, il n’en manque pas, que ce soit dans les situations, les dialogues, les réparties, les décalages entre les propos et les attitudes, les anachronismes verbaux… Bernard Swysen se déchaîne faisant, par exemple, organiser par un Triton qui peaufine sa vengeance, un Ze Voice consacré aux chansons sur les femmes. Il convoque Julio Iglesias, Julien Clerc, Serge Lama, Charles Aznavour.
Dans une scène, Circé, ayant changé les marins en porcs, les fait jeter dans la mer depuis son palais avec une catapulte et est interpellée par Pénélope : “Dites, ça vous amuse de catapulter de la charcuterie sur les gens ?”. Laquelle répond : “Les hommes me répugnent. Alors je leur donne leur véritable apparence ! Puis je balance mes porcs.”
Le dessin de belle facture, mi-réaliste, mi-caricatural, est l’œuvre de Christian Paty. Il croque des monstres affreux à souhait, déclenche des belles colères de Poséidon et livre des décors attractifs au possible. Sophie David place des couleurs lumineuses, bien dans la réalité de cette si magnifique Grèce.
Un album qui réunit tous les ingrédients d’une belle parodie, fort plaisante à découvrir.
serge perraud
Bernard Swysen (scénario), Christian Paty (dessin) & Sophie David (couleurs), L’Odyssée de Pénélope – t.01 : Premier chant, Soleil, coll. “Hors collection”, janvier 2020, 48 p. – 10,95 €.