Sur les routes d’un Japon mythique
Cette trilogie raconte une histoire d’apprentissage, l’enseignement d’une philosophie de vie dans un Japon médiéval et mythologique.
Si la Voie du Sabre s’oppose à la Voie de l’Amour, elle reste noble car elle sert la justice. Celui qui veut l’embrasser doit acquérir sagesse, bienveillance, amour des autres et dénuement.
Miyamoto a voulu donner une formation qui amène son jeune élève à comprendre ce qu’il voulait lui enseigner à travers les différentes situations qu’il lui a fait vivre. Pendant les années qui ont précédé son arrivée devant le palais impérial, Mikédi a passé plusieurs mois dans une école de cuisine, dans une pagode des plaisirs, dans un village de pêcheurs. Chaque fois, l’apprenti commençait au bas d’une échelle qu’il devait gravir barreau par barreau.
Cependant, avec son caractère fougueux, Mikédi est tenté par le chemin tortueux qui mène au pouvoir et à ses illusions. Il fait la guerre, tue, pense que le peuple respecte toujours celui qui est devenu grand par les combats. Les leçons de Miyamoto seront-elles comprises quand il le choque concernant le pouvoir : “Tu ne le mérites pas jeune Mikédi. Tu ne l’as jamais mérité.”
Mikédi est le fils d’un chef de guerre. Ce dernier le confie à Miyamoto Musashi, un maître Samouraï, pour le mener sur la Voie du Sabre et à Edo, la capitale de l’empire des quatre Poissons-Chats. Mikédi veut épouser la fille de l’empereur-dragon. Après diverses aventures plus ou moins réjouissantes pour l’apprenti, ils ont combattu et décapité les généraux des quatrièmes et cinquièmes armées.
Ils ont pris le commandement de cette flotte immense et font route vers Edo tout en discutant, sans être d’accord, des conditions qu’ils veulent imposer à l’empereur. L’émissaire s’emporte quand Miyamoto refuse l’offre faite. Qui sont-ils pour avoir une telle attitude : un vagabond puant et un bâtard fils d’un risible seigneur de la guerre ? L’insulte fait bondir Mikédi qui décapite l’émissaire et pisse sur son cadavre. Cette indiscipline amène un duel entre le maître et l’élève, combat se terminant par une blessure à la main de Mikédi.
Arrivé dans la capitale, Miyamoto aide une femme et son enfant. Il veut faire de celui-ci son nouvel élève. L’empereur-fille attend Mikédi. Miyamoto, devant la porte du palais, lui annonce qu’ils se quittent pour toujours.
Mikédi est face à son destin…
Ce conte cruel est mis en images par un véritable magicien du trait. Il offre des planches superbes, des paysages, des décors époustouflants, truffés de détails, de petites choses qu’il faut chercher minutieusement ou se laisser séduire par la vue générale. Cette qualité s’applique aux personnages, une galerie variée de protagonistes, à la chorégraphie et le dynamisme des nombreux combats.
Federico Ferniani se se révèle un dessinateur de talent, osant sortir du cadre, faire fi des vignettes figées pour des vues attractives. La mise en couleurs élégante de Luca Saponti est à l’avenant, donnant chair aux participants, faisant ressortir les ambiances avec les teintes tout à fait appropriées. Un carnet d’esquisses complète avec bonheur cet album.
Ce tome illumine cette trilogie qui vaut pour son thème, l’apprentissage et sa réussite, ou son échec, pour le traitement scénaristique qui reste fidèle au roman de Thomas Day.
Mathieu Mariolle intègre de nombreuses réflexions sur l’honneur, la guerre, le pouvoir, son accès et ses limites, les chemins tordus, voire déloyaux, pour le posséder. De plus, l’intrigue se nourrit de rebondissements qui se succèdent à un rythme soutenu.
découvrir un extrait
serge perraud
Mathieu Mariolle (scénario d’après le roman de Thomas Day), Federico Ferniani (dessin), Valentin Secher (dessin de la légende) & Luca Saponti (couleurs), La Voie du Sabre — t.03 : “L’incendie de l’esprit”, Glénat, coll. 24x32, mars 2020, 64 p. – 14,95 €.