Stéphane Piatzszek & Julien Maffre, La Cour des Miracles — Livre deuxième : “Vive la Reine !”

L’aven­ture d’une royauté…

Les cours des Miracles ont fleuri dans toutes les grandes agglo­mé­ra­tions. Paris, pour sa part, en a compté jusqu’à douze. Les auteurs éga­le­ment évoquent celle de Lille. Elles étaient ainsi dési­gnées car les men­diants, en s’y réfu­giant en fin de jour­née, per­daient presque toutes leurs infir­mi­tés. C’était pour les Gueux, en fait des vic­times d’une situa­tion éco­no­mique catas­tro­phique, un refuge où ils pou­vaient être à l’abri.
Cette série donne une belle des­crip­tion de ces cours, de leur struc­ture et de leur fonctionnement.

C’est Gabriel Nico­las de La Rey­nie, nommé Lieu­te­nant géné­ral par Louis XIV, qui a la charge d’éradiquer toutes les cours des Miracles que compte Paris. Il s’illustrera palus tard en résol­vant L’affaire des Poi­sons. Mais, pour l’heure, il a empri­sonné Ana­créon, le roi des Gueux dans la pri­son du Châ­te­let. Dans une cour, une troupe de pri­son­niers, hommes et femmes, est mar­qué, au fer rouge, d’une fleur de lys.
Alors que La Rey­nie expose son plan qui consiste à ouvrir des brèches dans les murailles qui pro­tègent les truands, la fille d’Anacréon, mar­quée, est embar­quée pour les Amé­riques. Sai­sis­sant l’épée d’un garde, elle s’échappe en plon­geant dans la Seine. C’est auprès de Gitans qu’elle trouve de l’aide. De retour chez elle, elle apprend que les Gueux se réunissent en un lieu dis­cret, hors de Paris, pour élire leur nou­veau roi, le quatre-vingt-cinquième Grand Coësre. Sur place, elle est sacrée reine, non sans com­battre.
Mais La Rey­nie n’a pas dit son der­nier mot et il met au point une nou­velle stratégie…

Le scé­na­riste intro­duit, autour d’authentiques per­son­nages his­to­riques, des pro­ta­go­nistes de fic­tion bien cam­pés. Il les entoure d’une gale­rie de per­son­nages fort diver­si­fiée mais qui semble bien repré­sen­ta­tive de la réa­lité de l’époque. Il met en scène un frère de Louis de Rohan. Ce der­nier, appelé le Che­va­lier de Rohan, a conspiré contre Louis XIV, ce qui a valu d’être déca­pité.
Il est fait réfé­rence aux apports en matière de sécu­rité et d’hygiène de La Rey­nie, celui-ci déve­lop­pant l’éclairage public des rues et ins­ti­tuant le ramas­sage d’ordures.

Le des­sin semi-réaliste de Julien Maffre est effi­cace. Il rend le dyna­misme des actions, des com­bats. Il met en scène, avec adresse et per­ti­nence, les dif­fé­rentes phases de l’intrigue et per­met une iden­ti­fi­ca­tion rapide des pro­ta­go­nistes. Laure Duran­delle assure une belle mise en cou­leurs, avec des teintes douces, voire neutres, elle rend de façon très per­cep­tible les diverses atmo­sphères et ambiances du récit.
Un troi­sième tome est annoncé avec pour titre Le Cré­pus­cule des Miracles.

Cette série qui met en avant une héroïne intré­pide dans un uni­vers peu exploré, donc peu connu (la grande réfé­rence reste celle de Vic­tor Hugo), se révèle attrac­tive pour son dyna­misme et son éclairage.

serge per­raud

Sté­phane Piatzs­zek (scé­na­rio), Julien Maffre (des­sin) & Laure Duran­delle (cou­leur), La Cour des Miracles — Livre deuxième : Vive la Reine !, Soleil, coll. “Qua­drants”, jan­vier 2020, 64 p. – 15,50 €.

 

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