Les cours des Miracles ont fleuri dans toutes les grandes agglomérations. Paris, pour sa part, en a compté jusqu’à douze. Les auteurs également évoquent celle de Lille. Elles étaient ainsi désignées car les mendiants, en s’y réfugiant en fin de journée, perdaient presque toutes leurs infirmités. C’était pour les Gueux, en fait des victimes d’une situation économique catastrophique, un refuge où ils pouvaient être à l’abri.
Cette série donne une belle description de ces cours, de leur structure et de leur fonctionnement.
C’est Gabriel Nicolas de La Reynie, nommé Lieutenant général par Louis XIV, qui a la charge d’éradiquer toutes les cours des Miracles que compte Paris. Il s’illustrera palus tard en résolvant L’affaire des Poisons. Mais, pour l’heure, il a emprisonné Anacréon, le roi des Gueux dans la prison du Châtelet. Dans une cour, une troupe de prisonniers, hommes et femmes, est marqué, au fer rouge, d’une fleur de lys.
Alors que La Reynie expose son plan qui consiste à ouvrir des brèches dans les murailles qui protègent les truands, la fille d’Anacréon, marquée, est embarquée pour les Amériques. Saisissant l’épée d’un garde, elle s’échappe en plongeant dans la Seine. C’est auprès de Gitans qu’elle trouve de l’aide. De retour chez elle, elle apprend que les Gueux se réunissent en un lieu discret, hors de Paris, pour élire leur nouveau roi, le quatre-vingt-cinquième Grand Coësre. Sur place, elle est sacrée reine, non sans combattre.
Mais La Reynie n’a pas dit son dernier mot et il met au point une nouvelle stratégie…
Le scénariste introduit, autour d’authentiques personnages historiques, des protagonistes de fiction bien campés. Il les entoure d’une galerie de personnages fort diversifiée mais qui semble bien représentative de la réalité de l’époque. Il met en scène un frère de Louis de Rohan. Ce dernier, appelé le Chevalier de Rohan, a conspiré contre Louis XIV, ce qui a valu d’être décapité.
Il est fait référence aux apports en matière de sécurité et d’hygiène de La Reynie, celui-ci développant l’éclairage public des rues et instituant le ramassage d’ordures.
Le dessin semi-réaliste de Julien Maffre est efficace. Il rend le dynamisme des actions, des combats. Il met en scène, avec adresse et pertinence, les différentes phases de l’intrigue et permet une identification rapide des protagonistes. Laure Durandelle assure une belle mise en couleurs, avec des teintes douces, voire neutres, elle rend de façon très perceptible les diverses atmosphères et ambiances du récit.
Un troisième tome est annoncé avec pour titre Le Crépuscule des Miracles.
Cette série qui met en avant une héroïne intrépide dans un univers peu exploré, donc peu connu (la grande référence reste celle de Victor Hugo), se révèle attractive pour son dynamisme et son éclairage.
serge perraud
Stéphane Piatzszek (scénario), Julien Maffre (dessin) & Laure Durandelle (couleur), La Cour des Miracles — Livre deuxième : Vive la Reine !, Soleil, coll. “Quadrants”, janvier 2020, 64 p. – 15,50 €.