Ces chroniques relatent des enquêtes qui se déroulent après la signature du traité de Troyes, en 1420, traité qui reconnait Henri V, roi d’Angleterre, comme régent et héritier du trône de France. Henri V meurt en 1422.
Son fils, Henri VI, étant trop jeune c’est le duc de Bradford qui assure la régence.
Philippe le Bon, le duc de Bourgogne a succédé à son père, Jean sans Peur, ce dernier assassiné avec l’assentiment du dauphin Charles. Celui-ci s’est réfugié à Bourges. Paris, devenue ville anglaise est gouvernée par le régent, le duc de Bradford.
Dans une cour du palais de Calais, ville conquise par les Anglais quatre-vingts ans plus tôt, ce 22 février 1425, des hommes préparent l’assassinat de Philippe le Bon. Le complot, piloté par le duc de Gloucester, est organisé par James Murtagh ou Moriarty, de son nom anglais, grâce à une arme nouvelle qu’il a ramenée d’Allemagne. Si la répétition de l’attentat, à Calais, est prometteuse, il faut pouvoir approcher la future victime. Or, celle-ci est toujours très entourée et se trouve en Bourgogne. Il est donc décidé de porter le coup sur les lieux.
Il faut que l’équipe, qui doit traverser les lignes bourguignonnes, passe inaperçue.
Pour ce faire, dans un premier temps, les membres se retrouveront à Paris. C’est Thomas Montacute, comte de Salisbury qui demande à maître Doule, une félon, de trouver un hébergement discret. Celui-ci, pour donner l’adresse, ne trouve pas mieux que de l’inclure dans la fresque La Danse macabre que des peintres exécutent au cimetière des Innocents. Or, les va-et-vient autour de ce point précis attirent l’attention de peintres. C’est par hasard que ceux-ci en font part à Holmes.
Ce dernier, connaissant Doule, se méfie et se met en chasse. Cela faisait des semaines qu’il déprimait ne trouvant rien pour s’occuper…Parallèlement, il se retrouve chargé de dénicher une jeune personne de sang royal qui…
Ce volume relate le sixième épisode des enquêtes d’un clerc anglais et d’un ancien archer. Bien qu’Anglais, ils vivent et exercent leur activité à Paris.
Historiquement, La danse macabre est un motif artistique qui s’intègre dans l’Art macabre du Moyen Âge. La première fresque aurait été réalisée au charnier du cimetière des Innocents en 1424. C’est une farandole qui mêle vivants et morts, ces derniers entraînant vers le tombeau les individus sans distinction de classe sociale, le pape comme le simple prêtre, l’empereur comme le paysan…
Avec Edward Holmes, Jean d’Aillon reprend quelques traits essentiels du détective immortalisé par Conan Doyle avec les moyens des années 1420 et confronté à des événements de l’époque. Son second, ne faut-il pas toujours un couple de héros pour mieux faire vivre une intrigue ?, n’est pas médecin mais un ancien archer. Il a participé à la bataille d’Azincourt en octobre 1415, bataille qui a vu la déroute de l’armée française. C’est là qu’il a été blessé. Il vit avec la gracieuse madame Bonacieux.
Dans cet épisode, on retrouve d’autres acteurs importants de la période comme Humphrey de Lancastre, le frère cadet de Bedford. Les deux frères ne s’entendent pas. Le cadet a épousé Jacqueline de Hainaut ou Jacqueline de Bavière, nièce de Jean sans Peur. Pour elle, il veut reconquérir ses terres mais il fait face à une puissante armée réunie par Philippe le Bon, armée qui marche sur Calais.
Le romancier fait visiter les lieux emblématiques de l’époque avec force détails qu’il a puisés aux meilleures sources quand il ne peut visiter les sites. La description des personnages, de leurs vêtements, de leur cadre de vie est toujours très minutieuse.
Sur les pas de ses héros, Jean d’Aillon fait revivre une belle page d’Histoire présentée de façon fort attractive.
serge perraud
Jean d’Aillon, Les chroniques d’Edward Holmes et Gower Watson — La Danse macabre, Éditions 10/18, coll. “Grands détectives” n° 5492, novembre 2019, 552 p. – 8,80 €.