Une nouvelle composante des Terres d’Arran…
Les Terres d’Arran servent de décors et de cadres à plusieurs univers cohabitant sans vraiment se rencontrer. On y trouve des Elfes dont les avatars sont déclinés en vingt-cinq tomes, les Nains en seize tomes les Orcs et Gobelins en huit tomes. Viennent s’intégrer les Mages, une série en quatre albums. Elle est portée par quatre personnages explorant les quatre voies de la magie, celle des Elémentaristes, celle des Runiques, celle plus dangereuse des Nécromanciens pour finir par celle des Alchimistes. Le Mage suprême est celui qui maîtrise les quatre. À ce jour, personne n’y est parvenu !
Le premier volet met en scène celle des Élémentaristes, une des voies majeures, la plus difficile, voire la plus dangereuse car le mage doit maîtriser les quatre éléments, le temps et concentrer toute son énergie dans un objet qu’il oriente pour l’utiliser.
Shannon vit à Castlelek, un territoire oublié, indépendant de tout royaume pour une raison qui reste inconnue même si les hypothèses sont nombreuses. Elle garde des biquettes en compagnie de Pier, un garçon de son âge. Elle est intrépide et… très curieuse. Aussi, ce vieil homme qui habite dans cette baraque isolée, qui n’a pas d’amis, l’intrigue. En son absence, elle s’introduit chez lui, ne trouve rien de révélateur sauf un coffret. Il la surprend mais est séduit par cette gamine. Il lui dit s’appeler Tyrom, mais n’avoir aucun souvenir. Le coffret reste inviolable malgré tous les essais.
Elle le convainc de chercher des traces de son passé et l’emmène chez l’archiviste. Si ce dernier ne trouve rien sur le nom de Tyrom, Shannon découvre, dans un grimoire, qu’une loi oblige les mages à se faire recenser et à se mettre au service de seigneuries. Ceux qui refusent deviennent des parias. Et le roi Gerald du royaume de Koromore décide de s’emparer de Castlelek…
Avec cette série prévue, pour l’instant, en quatre volets, Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry se partagent les scénarii. Le graphisme est assuré par un couple dessinateur-coloriste différent pour chaque album pour satisfaire la parution de cette tétralogie en une année. Dans ce premier opus, la part belle est faite à un couple improbable constitué d’une gamine gouailleuse et d’un colosse plutôt placide sauf quand des événements graves demandent son intervention.
Avec un scénario au rythme enlevé, au ton balançant de la gravité à l’humour, Jean-Luc Istin offre une intrigue intéressante, réussissant à sortir des sentiers battus du genre. On trouve, ainsi, beaucoup d’action, des sentiments généreux et ignobles, de l’émotion et une bien jolie conclusion.
Le dessin de Kyka Duarte est précis, net, fouillé, riche en détails avec des décors savamment travaillés et des personnages bien mis en valeurs. Les couleurs de J. Naujan sont en majorité lumineuses et éclairent de manière efficace les différents registres de l’histoire.
Un premier volet qui attire l’attention pour le choix du thème est pour un graphisme bien adapté au sujet. Depuis le tome 2, Eragan, et le tome 3, Altherat, sont parus poursuivant avec bonheur le contexte initié dans Aldoran.
serge perraud
Jean-Luc Istin (scénario), Kyka Duarte (dessin) & J. Naujan (couleurs), Mages – t.1 : Aldoran, Soleil, coll. “fantastique”, juin 2019, 48 p. – 14,95 €.