Mayflower aux portes du pouvoir suprême ?
Le présent tome ouvre un nouvel épisode de l’épopée de XIII, cet amnésique que tout le monde se dispute. Yves Sente sème le trouble et brouille les cartes à plaisir. Il donne à son héros une nouvelle direction, le rapproche de cette organisation ultra-conservatrice qui cherche à s’emparer du pouvoir suprême aux États-Unis. Mais Jason est-il dans cette position de son plein gré, en pleine conscience ?
Comment peut-il, alors qu’il ne sait rien de son passé, émettre une telle réponse quand Mildred lui présente la grande table qui a vu se réunir le Conseil d’administration depuis quatre cents ans : “Dommage que vos ancêtres aient empêché les miens d’y siéger…” Mayflower est le nom du bateau avec lequel William Bradford, son épouse et quelques autres sont partis de Leyde, aux Pays-Bas, en 1620, pour trouver une terre où ils pourraient vivre leur religion. Ils sont considérés comme les fondateurs des États-Unis.
À la Maison Blanche, le conseiller à la Sécurité Nationale se préoccupe de la réélection du Président.
Un an et demi plus tôt, sur une tour, un tireur d’élite rate sa cible, une photo grandeur nature située à 2132 mètres.
Dans la banlieue de Boston, une équipe s’active à mettre en place un système d’écoute dans la demeure de Janet Fitzsimmons. Lorsque celle-ci arrive, elle s’inquiète pour savoir si tout est prêt pour accueillir M. MacLane. En prenant l’apéritif, Jason lui demande si elle a réfléchi à sa proposition de prendre un poste d’administrateur et il précise : “… au sein de notre fondation.” La jeune veuve du 44e président, qui est également présidente de la Fondation Mayflower, accepte.
Mildred, l’administratrice briffe Jason sur l’organisation. Elle argumente qu’il devrait, par un acte fort, prouver aux autres membres sa sincérité quant à son soutien soudain à Mayflower. D’après ses sources, elle sait qu’il est un tireur d’élite, affirmation que Jason ne contredit pas, n’en sachant rien.
Le lendemain, dans la suite 1021 du Watergate Hôtel, le sénateur Bengaline est filmé pendant ses ébats avec une jolie femme. Celle-ci, en lui montrant le film et en menaçant de le diffuser, lui impose de démissionner de son poste de président du Sénat.
Au Banichistan, trois djihadistes égorgent des prisonniers pour prouver qu’ils sont dignes d’accomplir la mission sacrée confiée par le tout-puissant.
Que fait Jason dans ce groupe alors qu’il continue de voir, en catimini, la capitaine Spark des Navy Seals ?
Le dessin très réaliste de Iouri Jigounov met en scène une histoire dense, très rythmée, avec des passages rapides d’un groupe de protagonistes à un autre. Les personnages sont bien campés, stables d’une séquence à l’autre et c’est un avantage pour une lecture agréable compte tenu de la diversité des actions. La mise en couleurs est signée de Bruno Tatti qui, par des fonds différents, permet de se repérer facilement dans les différentes phases de l’intrigue.
Yves Sente propose une belle énigme toute en subtilité avec une montée en tension rapide jusqu’à une conclusion finale époustouflante.
serge perraud
Yves Sente (scénario) Iouri Jigounov (dessin) & Bruno Tatti (couleurs), XIII : t. 26 : 2132 mètres, Dargaud, novembre 2019, 48 p. – 12,00 €.