Le sexe, le sexe et ses tracas …
Après une première intégrale qui regroupait Amor, Amor !!, et Amour toujours parus respectivement en 1991 et 1993, les Editions Fluide Glacial proposent, en un volume, les trois tomes de Aux risques de l’amour publiés en France en 1994, 1995 et 1996. Ce sont vingt-trois histoires de quelques planches où le sexe, et parfois l’amour, occupe la place la plus importante.
Tous les sentiments liés au sexe, à l’amour physique, sont présents à un moment ou à un autre depuis la possession physique et morale de l’autre, la jalousie, la frustration, la culpabilité, les remords, les regrets, l’hypocrisie… Mais, Carlos Giménez, en fin observateur de la nature humaine dépeint les points positifs, comme les ratés, les moments peu glorieux que l’homme peut traverser.
Il propose des personnages à l’expressivité vive, tant les hommes que les femmes. Celles-ci sont toujours à leur avantage, avec de grands yeux, des regards intenses soulignés par de longs cils noirs qui renforcent les émotions exprimées, ressenties.
S’il donne à ses héroïnes des formes épanouies, des silhouettes avantageuses, il n’en n’est pas de même pour les hommes qu’il ne dessine pas dans les meilleures dispositions. Les héroïnes de Carlos Giménez sont souvent introductrices des situations, voire la cause dans la mesure où elles initient, par leur maintien, par le sentiment d’attente qu’elles suggèrent, l’abord du mâle et la suite.
L’auteur met en scène des situations banales, des écarts de conduite, des rencontres fortuites qui dégénèrent. Si les dessins, le contenu de certaines vignettes ne laissent rien ignorer des actes représentés, ils ne sont jamais vulgaires mettant plutôt en avant le bien-être partagé du sexe, quand celui-ci fonctionne.
Carlos Gimenez souligne que ces histoires ne sont pas humoristiques, même si elles sont drôles ou laissent passer les pointes d’humour au second degré.
L’homosexualité tant masculine que féminine est abordée. Il en résulte les mêmes problématiques. Mais c’est le SIDA et ses conséquences, sa transmission que l’auteur évoque fréquemment. Il montre cette attaque du virus comme un véritable fléau marquant durablement les rencontres ponctuelles. Il revient sur ce risque car au début des années 1990 il n’existe pas de traitement du VIH. Ce n’est qu’en 1996 que sont apparues les premières trithérapies dont l’objet est, seulement, de contenir les effets du virus, pas de guérir.
L’intégrale comporte en fin de volume, un court dossier avec quelques illustrations de couvertures mais surtout une nouvelle inédite de six planches où le scéanriste fait montre de son humour ravageur.
Cette série a eu du mal à être éditée car, pour certaines collections, il y avait trop de sexe alors que pour d’autres, il en manquait.
Carlos Giménez avec cette suite de six volumes parue en Espagne sous le titre Sexo y Chapuza et de cinq chez Fluide Glacial a voulu mettre : “…un miroir devant les hommes et les femmes qui cherchent, trouvent et consomment des relations sexuelles en cachette, à la va-vite, à risque, entre mensonge, dissimulation et grandes quantités de ratés.“
Une réussite scénaristique et graphique !
serge perraud
Carlos Giménez, Amor, Amor !! — Intégrale volume 2, Éditions Audie – Fluide Glacial, octobre 2019, 160 p. – 24,90 €.