Le fait que les derniers Capétiens demeurent à jamais les « rois maudits » imaginés par Maurice Druon ne peut les soustraire au regard critique et scientifique de l’historien. Christelle Balouzat-Loubet s’est attelée à cette tâche pour nous offrir un portait très intéressant des trois fils de Philippe IV le Bel, ultimes rejetons du prestigieux lignage de Capet.
Malgré la carence de sources, l’historienne lève quelque peu le voile sur l’éducation des princes de France à la fin du XIII siècle : apprentissage intellectuel et guerrier, art de gouverner et de faire la guerre, insertion dans la vie d’une cour itinérante, de Vincennes à la cité, en passant par Fontainebleau et le Louvre, choix des épouses – bien malheureux en l’occurrence – et négociation des contrats de mariage.
Puis vint le temps des règnes sur un pays en crise économique et sociale, avec fronde des grands lignages et guerre aux frontières du nord contre les Flamands, hiver rigoureux, récoltes insuffisantes et budgets déficitaires.
On ne saura jamais si Philippe V aurait pu être un grand souverain à l’image de son père. Mais les informations apportées par Christelle Balouzat-Loubet le laissent clairement devinées.
Son aîné, Louis X le Hutin, en sort avec une image moins dégradée que celle immortalisée par les Rois maudits mais son règne ne laissait guère d’espoirs. Comme celui de Charles IV qui finit comme il commença, sans éclat.
Bref, des rois de transition, coincés entre l’affirmation de la monarchie capétienne et les turbulences de la guerre de Cent Ans qui faillirent être fatales à la dynastie des Valois.
frederic le moal
Christelle Balouzat-Loubet, Louis X, Philippe V, Charles IV. Les derniers Capétiens, Passés/Composés, septembre 2019, 208 p. — 19,00 €.