Jean-Pierre Pécau & Jovan Ukropina, V-Girls — L’œil du diable : t.01– “Incantare”

La belle Hedy Lamarr dans un rôle…

L’œil du diable, cet autre nom donné au cinéma, sert de toile de fond à un récit qui entre­mêle fan­tas­tique, espion­nage dans le cadre his­toire de l’avant-Seconde Guerre mon­diale. Hit­ler inquiète énor­mé­ment et dif­fé­rents groupes cherchent com­ment contrer ses volon­tés hégé­mo­niques. Ce avec le concours des Élé­men­taires, ces créa­tures ima­gi­naires com­po­sées de l’un des quatre élé­ments issus de la tra­di­tion grecque tels les Ondins pour l’eau, Sylphe pour l’air…
Le récit de ce pre­mier tome met en scène les deux pré­ci­tés, les reliant au cinéma avec Hedy Lamarr et une gale­rie de per­son­nages his­to­riques authen­tiques. Il reste à débus­quer les deux autres.

En 1938, au châ­teau de Cer­tovy Hlavy, en Tché­co­slo­va­quie, un homme arrive avec un char­ge­ment de bobines de film. Son col­lègue veut en voir le contenu mal­gré la mise en garde du patron qui a exigé la des­truc­tion de toutes les bobines. Ils voient l’épouse du patron qui court nue dans la forêt. C’est la der­nière copie d’Extase. Le patron, l’industriel Mandl, attend une délé­ga­tion de l’Ahnenerbe. Il presse son épouse, Hedy, qui se pré­lasse dans la pis­cine, de s’habiller pour réa­li­ser une démons­tra­tion. Elle semble effrayée.  L’expérience menée par les SS, par le biais de cer­tains films, tourne à la catas­trophe. Hedy peut s’échapper de l’enfer qu’est devenu le cas­tel car un com­mando passe la zone aux lance-flammes pour évi­ter que la peste se répande au-delà du châ­teau.
À Tasco, dans le Mis­souri, Lucy Lang est la vedette d’un spec­tacle de vol­tige aérienne. Pour le final du numéro, elle se met debout sur l’aile cen­trale et le pilote, à l’aide d’un dis­po­si­tif, tire sur sa robe, la lais­sant en sous-vêtements. Cette fois, la robe s’accroche à la queue de l’appareil blo­quant les gou­vernes. L’avion pique et Lucy réta­blit l’appareil qu’à quelques mètres du sol. L’exploit attire Howard Hugues qui l’embauche pour en faire son pilote privé.
À Londres, en jan­vier 1938, Hedy ren­contre Louis B. Mayer qui lui parle de ce qu’Extase a révélé et de ses autres activités…

Il faut se lais­ser empor­ter par le récit, les sor­ti­lèges qui le sous-tendent et ne pas cher­cher d’explications tou­jours ration­nelles car le scé­na­riste fait de belles impasses. Par exemple : Hedy qui a fui en maillot de bain et en imper un châ­teau en pleine forêt tché­co­slo­vaque se retrouve à Londres dans le bureau de Louis B. Meyer, le célèbre pro­duc­teur, quelques jours plus tard.
Dans la réa­lité, elle a effec­ti­ve­ment fui son mari, un indus­triel fabri­cant d’armes, en se réfu­giant en Suisse où elle fré­quente la jet set, le roman­cier Erich Maria Remarque avant de gagner Londres par des moyens de trans­ports assez clas­siques. Mais Hedy Kies­ler, deve­nue Lamarr n’est pas qu’une star du cinéma des années 1940/1950, c’est éga­le­ment une scien­ti­fique qui a mis au point, avec le com­po­si­teur George Antheil,un sys­tème secret de com­mu­ni­ca­tions par éta­le­ment de spectre par saut de fré­quence, don­nées scien­ti­fiques que le scé­na­riste place, pour l’heure, dans la bouche de Howard Hugues. Une décou­verte est encore uti­li­sée aujourd’hui.

Outre quelques per­son­nages de fic­tion, le scé­na­riste met en scène Howard Hugues, célé­bris­sime avia­teur for­tuné, Louis B. Mayer, un pro­duc­teur hol­ly­woo­dien, Peter Lorre, Peter Fle­ming, et même le char­la­tan Aleis­ter Crow­ley. Le gra­phisme se par­tage entre Jovan Ukro­pina pour le des­sin et Hugo Sebas­tian Facio pour la mise en cou­leur. Leur tra­vail reste clas­sique avec un dyna­misme de bon aloi dans les scènes d’action et des por­traits assez fidèles de la star.
Incan­tare
, ce pre­mier volet d’une tri­lo­gie, se laisse décou­vrir avec plai­sir, tant pour les don­nées his­to­riques que pour la mise en avant de ces divi­ni­tés mythologiques.

serge per­raud

Jean-Pierre Pécau (scé­na­rio), Jovan Ukro­pina (des­sin) & Hugo Sébas­tian Facio (cou­leur), V-Girls — L’œil du diable : t.01– Incan­tare, Soleil, août 2019, 56 p. – 14,95 €.

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