La belle Hedy Lamarr dans un rôle…
L’œil du diable, cet autre nom donné au cinéma, sert de toile de fond à un récit qui entremêle fantastique, espionnage dans le cadre histoire de l’avant-Seconde Guerre mondiale. Hitler inquiète énormément et différents groupes cherchent comment contrer ses volontés hégémoniques. Ce avec le concours des Élémentaires, ces créatures imaginaires composées de l’un des quatre éléments issus de la tradition grecque tels les Ondins pour l’eau, Sylphe pour l’air…
Le récit de ce premier tome met en scène les deux précités, les reliant au cinéma avec Hedy Lamarr et une galerie de personnages historiques authentiques. Il reste à débusquer les deux autres.
En 1938, au château de Certovy Hlavy, en Tchécoslovaquie, un homme arrive avec un chargement de bobines de film. Son collègue veut en voir le contenu malgré la mise en garde du patron qui a exigé la destruction de toutes les bobines. Ils voient l’épouse du patron qui court nue dans la forêt. C’est la dernière copie d’Extase. Le patron, l’industriel Mandl, attend une délégation de l’Ahnenerbe. Il presse son épouse, Hedy, qui se prélasse dans la piscine, de s’habiller pour réaliser une démonstration. Elle semble effrayée. L’expérience menée par les SS, par le biais de certains films, tourne à la catastrophe. Hedy peut s’échapper de l’enfer qu’est devenu le castel car un commando passe la zone aux lance-flammes pour éviter que la peste se répande au-delà du château.
À Tasco, dans le Missouri, Lucy Lang est la vedette d’un spectacle de voltige aérienne. Pour le final du numéro, elle se met debout sur l’aile centrale et le pilote, à l’aide d’un dispositif, tire sur sa robe, la laissant en sous-vêtements. Cette fois, la robe s’accroche à la queue de l’appareil bloquant les gouvernes. L’avion pique et Lucy rétablit l’appareil qu’à quelques mètres du sol. L’exploit attire Howard Hugues qui l’embauche pour en faire son pilote privé.
À Londres, en janvier 1938, Hedy rencontre Louis B. Mayer qui lui parle de ce qu’Extase a révélé et de ses autres activités…
Il faut se laisser emporter par le récit, les sortilèges qui le sous-tendent et ne pas chercher d’explications toujours rationnelles car le scénariste fait de belles impasses. Par exemple : Hedy qui a fui en maillot de bain et en imper un château en pleine forêt tchécoslovaque se retrouve à Londres dans le bureau de Louis B. Meyer, le célèbre producteur, quelques jours plus tard.
Dans la réalité, elle a effectivement fui son mari, un industriel fabricant d’armes, en se réfugiant en Suisse où elle fréquente la jet set, le romancier Erich Maria Remarque avant de gagner Londres par des moyens de transports assez classiques. Mais Hedy Kiesler, devenue Lamarr n’est pas qu’une star du cinéma des années 1940/1950, c’est également une scientifique qui a mis au point, avec le compositeur George Antheil,un système secret de communications par étalement de spectre par saut de fréquence, données scientifiques que le scénariste place, pour l’heure, dans la bouche de Howard Hugues. Une découverte est encore utilisée aujourd’hui.
Outre quelques personnages de fiction, le scénariste met en scène Howard Hugues, célébrissime aviateur fortuné, Louis B. Mayer, un producteur hollywoodien, Peter Lorre, Peter Fleming, et même le charlatan Aleister Crowley. Le graphisme se partage entre Jovan Ukropina pour le dessin et Hugo Sebastian Facio pour la mise en couleur. Leur travail reste classique avec un dynamisme de bon aloi dans les scènes d’action et des portraits assez fidèles de la star.
Incantare, ce premier volet d’une trilogie, se laisse découvrir avec plaisir, tant pour les données historiques que pour la mise en avant de ces divinités mythologiques.
serge perraud
Jean-Pierre Pécau (scénario), Jovan Ukropina (dessin) & Hugo Sébastian Facio (couleur), V-Girls — L’œil du diable : t.01– Incantare, Soleil, août 2019, 56 p. – 14,95 €.
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