Le narrateur Étienne Van Langh, en novembre 2043, raconte qu’il a découvert l’Atlantide, ce fameux continent qui, comme le raconte Platon dans deux de ses dialogues Timée et Critias, a été englouti en un jour et une nuit. C’est dans la philosophie qu’il a trouvé la clé pour ouvrir l’accès à l’île perdue.
Tout a commencé quand, après un parcours scolaire calamiteux, il a intégré le cours du professeur Castille et que celui-ci a organisé un séjour d’études en Grèce intitulé “De l’île du Minotaure à l’Atlantide”. Participent à ce voyage un certain nombre d’étudiants inscrit au cours de maître Castille, le professeur Eugène Loeve, une jeune fille prénommée Phalène et Cari. Phalène a été invité par Castille car elle était sa meilleure élève en hypokhâgne. Cari est le meilleur ami d’Étienne et occupe la place d’un étudiant défaillant.
Après la visite et le récit de l’histoire des sites de Cnossos, Matala, Phaistos et Gortyne, ils arrivent à Santorin haut-lieu du mythe de l’Atlantide. C’est là que le professeur Loeve part en barque de bon matin et se volatilise littéralement. Aucune trace de son passage nulle part.
Ne pouvant rien faire, tout le monde rentre et reprend ses occupations. Mais les événements continuent de les hanter et, après divers contacts improbables, ils jugent nécessaire de reprendre la piste du professeur. Or, cette décision implique la découverte de nombre de données cachées, ce qui n’est pas sans danger car…
Professeur agrégé de philosophie, Gilles Vervisch explore avec ce roman policier, son premier, le monde de la philosophie gréco-romaine appuyant son intrigue sur le monument qu’est Platon en la matière. Il mobilise également Solon, Cicéron et Saint Augustin.
À partir du célèbre récit que fit Platon sur la disparition de l’Atlantide, ce continent à la société idéale, il développe nombre de faits historiques, de récits, les liant les uns aux autres jusqu’à une conclusion particulièrement stupéfiante. Il avance de tels arguments, de telles données, les coordonne de si belle manière qu’il donne naissance à un tout parfaitement cohérent et compréhensible.
Avec le contenu du voyage d’études qu’il propose à ses héros, il passe en revue les grands courants philosophiques qui forment le socle de notre civilisation. Avec le professeur Loeve, il présente la philosophie comme un outil pour aller vers la sagesse sans pour autant considérer que tout philosophe est un sage. Avec le mythe de l’Atlantide, avec la civilisation minoenne, il recense les civilisations disparues, englouties, arguant qu’un mythe peut avoir une base réelle.
Sa source prend naissance dans des événements suffisamment importants pour marquer durablement les populations de l’époque. Cependant, il montre que ces mythes autour de société englouties se retrouvent, avec des variantes, dans les différentes civilisations qui se sont développées, qui se sont succédé dans le bassin méditerranéen. Il en est ainsi de l’Atlantide, du déluge biblique, de la société minoenne. Il cite quelques auteurs fascinés par ces thèmes comme Jules Verne, René Barjavel, Edgar P. Jacobs…
Le romancier expose les différences d’époque et leurs conséquences. Ainsi, Platon ignorait tout de la civilisation minoenne qui avait disparue mille ans avant lui et qui ne fut découverte par Arthur Evans qu’au XXe siècle.
La richesse en repères historiques, en données philosophiques facilement accessibles, une intrigue bien orchestrée donnent à ce roman un caractère bien spécifique qui le rend passionnant à découvrir.
serge perraud
Gilles Vervisch, Le Secret de Platon, J’ai lu, coll. “Thriller” n° 12390, juin 2019, 480 p. – 8,20 €.
Merci! C’est gentil !