Petit prince deviendra grand ?
Au bord d’une route de Patagonie, un automobiliste découvre un être étrange et étrangement vêtu : « mèche de cheveux blonds », grande cape bleue doublée de pourpre » et « pantalon blanc dans des bottes de cuir noir ». L’automobiliste recueille l’étranger et commence entre les deux un dialogue lancé par les questions du jeune homme.
Au fur et à mesure que l’étranger se dévoile, mentionnant tour à tour les moutons, les fleurs, sa planète toute petite et le pilote d’avion à la recherche duquel il a décidé de partir, le narrateur et le lecteur comprennent qui est ce « jeune prince », à savoir une version presque adulte du Petit prince de Saint-Exupéry (p. 50).
Sur trois jours, la conversation qui s’instaure devient prétexte à de mini-leçons de philosophie, initiées par les questionnements du jeune prince ignorant tout ou presque des usages de notre planète. On retrouve au passage un trait marquant du Petit prince : sa curiosité et sa propension à poser des questions en apparences naïves et simplistes mais auxquelles il n’est pas facile de répondre clairement.
Hélas pour le lecteur, le dialogue établi au fil d’un voyage physique et initiatique (pour l’adulte autant, voire plus, que pour le jeune homme contre toute attente) s’avère souvent artificiel et se conclut quasi systématiquement sur des poncifs, tant il donne l’impression d’enfoncer des portes ouvertes.
À force de bons sentiments et de théories plus ou moins fumeuses, le lecteur voudrait demander à l’auteur, à l’instar de son personnage éponyme : « Pourquoi dis-tu les choses d’une façon aussi compliquée ? » (p. 32).
Malgré tout, on peut reconnaître et apprécier la beauté de l’ouvrage, qui fut lancé lors d’une magnifique soirée organisée à l’Atelier des Lumières, lieu magique que je recommande aux Parisiens ou aux visiteurs de passage à la capitale.
agathe de lastyns
Alejandro G. Roemmers, Le Retour du jeune prince, traduit de l’espagnol (Argentine) par Martine Desoille, City, avril 2019, 165 p. – 13,90 €.