Alejandro G. Roemmers, Le Retour du jeune prince

Petit prince devien­dra grand ?

Au bord d’une route de Pata­go­nie, un auto­mo­bi­liste découvre un être étrange et étran­ge­ment vêtu : « mèche de che­veux blonds », grande cape bleue dou­blée de pourpre » et « pan­ta­lon blanc dans des bottes de cuir noir ». L’automobiliste recueille l’étranger et com­mence entre les deux un dia­logue lancé par les ques­tions du jeune homme.
Au fur et à mesure que l’étranger se dévoile, men­tion­nant tour à tour les mou­tons, les fleurs, sa pla­nète toute petite et le pilote d’avion à la recherche duquel il a décidé de par­tir, le nar­ra­teur et le lec­teur com­prennent qui est ce « jeune prince », à savoir une ver­sion presque adulte du Petit prince de Saint-Exupéry (p. 50).

Sur trois jours, la conver­sa­tion qui s’instaure devient pré­texte à de mini-leçons de phi­lo­so­phie, ini­tiées par les ques­tion­ne­ments du jeune prince igno­rant tout ou presque des usages de notre pla­nète. On retrouve au pas­sage un trait mar­quant du Petit prince : sa curio­sité et sa pro­pen­sion à poser des ques­tions en appa­rences naïves et sim­plistes mais aux­quelles il n’est pas facile de répondre clai­re­ment.
Hélas pour le lec­teur, le dia­logue éta­bli au fil d’un voyage phy­sique et ini­tia­tique (pour l’adulte autant, voire plus, que pour le jeune homme contre toute attente) s’avère sou­vent arti­fi­ciel et se conclut quasi sys­té­ma­ti­que­ment sur des pon­cifs, tant il donne l’impression d’enfoncer des portes ouvertes.

À force de bons sen­ti­ments et de théo­ries plus ou moins fumeuses, le lec­teur vou­drait deman­der à l’auteur, à l’instar de son per­son­nage épo­nyme : « Pour­quoi dis-tu les choses d’une façon aussi com­pli­quée ? » (p. 32).
Mal­gré tout, on peut recon­naître et appré­cier la beauté de l’ouvrage, qui fut lancé lors d’une magni­fique soi­rée orga­ni­sée à l’Ate­lier des Lumières, lieu magique que je recom­mande aux Pari­siens ou aux visi­teurs de pas­sage à la capitale.

agathe de lastyns

Ale­jan­dro G. Roem­mers, Le Retour du jeune prince, tra­duit de l’espagnol (Argen­tine) par Mar­tine Desoille, City, avril 2019, 165 p. – 13,90 €.

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