Jean Players & Néjib, Le Procès de Gilles de Rais

Les der­niers jours d’un maré­chal de France

Avec Jhen, ce jeune archi­tecte qui sillonne l’Europe au gré des chan­tiers à entre­prendre, la série met le pro­jec­teur sur des grands évé­ne­ments du Moyen Âge en mêlant His­toire et fiction.

Gilles de Rais, après une nuit ter­rible, constate que l’invocation au Bar­ron a encore échoué. Quand il rentre au châ­teau, il a la sur­prise d’y trou­ver Jhen. Celui-ci est venu car il est inquiet. Des rumeurs alar­mantes courent sur les actes de Gilles. Il aurait molesté un prêtre en son église. Gilles se défend disant avoir tenté de pré­ser­ver son bien contre un escroc. Arrive un groupe de gens d’armes man­daté par Jean de Males­troit, l’évêque de Nantes pour l’arrêter et le faire com­pa­raître devant des juges. Gilles demande à Jhen d’aller cher­cher une sta­tue de la Vierge, sta­tue qui lui appor­tait la paix inté­rieure, chez le prieur de l’abbaye de Grand­champ. Alors que les hommes de l’évêque fouillent de fond en comble le châ­teau de Mache­coul pour accu­mu­ler des indices aggra­vant la situa­tion du maré­chal de France, la mis­sion de Jhen se révèle bien plus dif­fi­cile car…
À Nantes, Gilles de Rais, parti confiant, se mesure à un tri­bu­nal décidé, coûte que coûte, à le condamner…

Dans cet album, Jean Players livre un por­tait double de cet homme qui ne fut pas condamné pour l’assassinat d’enfants mais pour avoir molesté un «“homme de foi”, un sacri­lège. Comme le motif semble insuf­fi­sant il est accusé de com­merce avec le diable, com­merce qui semble avoir eu peu de résul­tats au vu de la situa­tion, le diable res­tant sourd à toutes incan­ta­tions.
Le scé­na­riste borne son récit sur la période du pro­cès, depuis les quelques jours qui le pré­cèdent jusqu’à son épi­logue. Il évoque cepen­dant le passé du maré­chal de France par petites touches, met­tant l’accent sur l’influence de son grand-père et sur le début des débor­de­ments à la mort de celui-ci. Mais est bien mise en avant  la puis­sance acquise par l’Église dans cette période du Moyen Âge tar­dif. Ces reli­gieux pro­té­gés par leur titre, sou­te­nus par une hié­rar­chie cri­mi­nelle ayant trop peur de voir remis en cause leur pseudo sta­tut d’homme de foi, d’homme de dieu. La fic­tion se mêle adroi­te­ment aux faits authen­tiques et prend une forme très inté­res­sante char­gée en tension.

Néjib, auteur franco-tunisien, assure le des­sin réa­liste dans l’esprit de la série, repre­nant les règles édic­tées par le créa­teur de Jhen. Il res­ti­tue fort bien le cadre de l’époque, l’atmosphère, les décors, acces­soires et vête­ments, les tour­ments de l’accusé. La mise en page, bien que se vou­lant clas­sique, offre quelques belles pers­pec­tives et un dyna­misme de lec­ture. Les cou­leurs, signées par Corinne Pleyers, rehaussent un des­sin effi­cace.
Ce Pro­cès de Gilles de Rais est l’occasion de se remé­mo­rer de belle façon une période de l’histoire de France et celle d’un per­son­nage à qui l’on prête le titre de plus grand tueur en série de tous les temps.

serge per­raud

Jean Players (scé­na­rio), Néjib (des­sin) &  Corinne Pleyers (Cou­leurs), Le Pro­cès de Gilles de Rais, Cas­ter­man, avril 2019, 48 p. – 11,95 €.

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