Jean-Christophe Chauzy, Le Reste du monde – t.03 : “Les Frontières”

Retour à une forme de coha­bi­ta­tion préhistorique

Avec ce nou­veau tome, Jean-Christophe Chauzy lance ses deux per­son­nages prin­ci­paux à la ren­contre d’un monde où la nature est déré­glée et les sur­vi­vants impi­toyables. C’est la lutte pour la vie, à prendre au pied de la lettre, dans sa pre­mière expres­sion. L’album com­mence et se ter­mine avec plu­sieurs planches où un nar­ra­tif, de source incon­nue, sur­vole les pay­sages, les ruines d’une civi­li­sa­tion balayée en un clin d’œil.

Ce troi­sième tome s’inscrit, après Le Reste du monde (Cas­ter­man – 2015) et Le Monde d’après (Cas­ter­man – 2016), dans une tétra­lo­gie post-apocalyptique. Avant d’être sur­pris par la catas­trophe, Hugo et Jules, deux frères, avait vu leur père par­tir avec une nou­velle petite amie. Leur mère, alors, les avait emme­nés en vacances dans les Pyré­nées. C’est là qu’ils sont sur­pris par le cata­clysme. Ils ont trouvé refuge dans une colo­nie de vacances après avoir laissé leur mère face à des pirates. Ils mènent une vie com­mu­nau­taire, au sein d’un espace pro­tégé, sans connaître ce qu’est devenu le reste du monde.
Trois ans ont passé. Jules et Hugo sont, aujourd’hui, des ado­les­cents. L’activité à la colo­nie est essen­tiel­le­ment nour­ri­cière avec la culture d’un pota­ger en plus d’assurer la sécu­rité du groupe. Alors que Jules se met en avant, il est devenu l’un des meilleurs chas­seurs, Hugo reste à l’écart, rongé par le remord d’avoir aban­donné leur mère. Il lit sans cesse le seul sou­ve­nir qu’il lui reste d’elle, un cahier, espé­rant la revoir. Rachel, la res­pon­sable de la petite com­mu­nauté, se fait invec­ti­ver par Jérémy pour être par­tie chas­ser, seule avec Jules. Elle et Jérémy sont amants. Jules est amou­reux d’elle. La vie s’écoule dans une cer­taine séré­nité. Plus de parents pour les com­man­der, plus de Face­book, mais plus de jeux vidéo…
Une nuit, la colo­nie est attaquée…

L’auteur colle au plus près d’une réa­lité pro­bable. La catas­trophe est arri­vée mais per­sonne n’en connaît l’origine ni les rai­sons. Cha­cun n’en voit que les consé­quences. Aussi, dans un tel contexte, que repré­sente la notion de fron­tière, quelle valeur lui accor­der quand la nature n’a pas res­pecté ce que les hommes avaient tracé ?
Avec le départ de la colo­nie, le petit groupe de sur­vi­vants découvre une situa­tion qu’ils ne connaissent pas, une dimen­sion humaine, mais sur­tout inhu­maine. L’auteur évoque le bou­le­ver­se­ment des nations, donc des fron­tières. Il intro­duit de « nou­veaux » per­son­nages, explique cer­taines situa­tions et livre une conclu­sion pleine de surprises.

La mise en images, au crayon et entiè­re­ment à l’aquarelle, est superbe. Jean-Christophe Chauzy réa­lise des pay­sages gran­dioses tant des mas­sifs mon­ta­gneux que des ruines ou les résul­tats du désastre. Il montre, pêle-mêle des car­casses de maté­riels, de véhi­cules et des cadavres divers. Avec Les Fron­tières, Jean-Christophe Chanzy exa­mine les pen­chants de l’humanité quand les lois sociales font défaut et ouvre sur un qua­trième volet qui risque d’être explo­sif, dans tous les sens du terme.

serge per­raud

Jean-Christophe Chauzy (scé­na­rio, des­sin et cou­leurs), Le Reste du monde – t.03 : Les Fron­tières, Cas­ter­man, octobre 2018, 112 p. – 18,00 €.

1 Comment

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One Response to Jean-Christophe Chauzy, Le Reste du monde – t.03 : “Les Frontières”

  1. cebescano

    Merci serge douce soir ée. Bizzzzzz

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