L’histoire romaine est toujours captivante
À Émèse, la capitale de la province romaine de Syrie, en 217 après J.-C. Christ, le précepteur de Sextus explique à son élève l’origine de la pierre qui permet de lire l’avenir, la pierre du dieu de la montagne. Celui-ci écoute mais reste sceptique. Il préfère continuer à danser pour devenir le prochain grand prêtre du culte de la pierre noire, le plus puissant de tout l’Orient. Le précepteur lui conte les événements et leur incidence sur l’avenir. Il lui explique ce qu’entraîne l’assassinat de Caracalla par le préfet Macrin, le suicide de sa grand-tante Julia Domna à Antioche.
À Rome, au beau milieu du chaos, Julia Maesa, la sœur de Domna, la dernière descendante des Sévères refuse le sacre de Macrin. Elle est renvoyée à Emèse, en Syrie, un retour dans son pays. À la tête d’une immense fortune, elle veut renverser le nouvel empereur et revenir au pouvoir. Elle décide alors de faire de Sextus le fils illégitime de Caracalla et donc de le désigner comme l’héritier légal de l’empire.
Avec Les Reines de sang, les éditions Delcourt racontent l’histoire de femmes qui se sont battues pour conquérir le pouvoir, ou pour le garder, quel qu’en soit le prix à payer. On s’aperçoit qu’au cours de l’histoire dominée par le règne du mâle, elles furent cependant un certain nombre à mener, avec plus ou moins de bonheur, des combats sanglants pour faire entendre leur voix. Pour l’instant, cette série s’attache, entre autres, aux existences d’Aliénor, de Cléopâtre, de Catherine de Médicis, de Frédégonde…
Avec Les Trois Julia, Luca Blengino retrace l’époque où Rome, sous la férule de Caracalla veut agrandir sa puissance et conquérir de nouvelles terres vers l’est à l’image d’Alexandre dit le grand en livrant bataille contre les Perses.
Prévue en trois tomes, ce premier opus s’attache à la personnalité de Julia Maesa, une femme remarquable qui mettra tout en œuvre pour revenir à Rome et régner par personne interposée. Le scénariste reconstitue avec beaucoup de réalisme et un souci d’historicité les diverses phases du complot, la manière dont elle utilise toute sa famille et comment elle convainc la légion III Galica au complet de changer d’empereur.
Antonio Sarchione assure un dessin pragmatique, jouant le classicisme qui sied à une série historique. Mais sa mise en page est dynamique, sa mise en image prend un mode cinématographique. S’il donne des personnages bien campés, il privilégie les protagonistes aux décors. Il offre cependant quelques vignettes d’ensemble fort réussies.
Ce premier volume des Trois Julia se révèle d’une lecture passionnante, faisant revivre une période où les empereurs romains ne vieillissaient pas sur leur trône.
serge perraud
Luca Blengino (scénario), Antonio Sarchione (dessin) & Gaétan Georges (couleur), Les Reines de sang : Les Trois Julia — t.01 : La Princesse de poussière, Delcourt, coll. “Histoire et histoires”, septembre 2018, 56 p. – 14,95 €.