Un hommage qui laisse à désirer
Cette biographie, publiée à l’approche du 80ème anniversaire de la naissance de Romy Schneider, vise manifestement le grand public plutôt que les cinéphiles. Il s’agit de raconter la vie de l’actrice, en privilégiant sa dernière période (les années 1979–1982), sans guère s’occuper de son œuvre : la plupart des films sont évoqués de façon sommaire – et avec un manque flagrant de compétence critique –, quand ils ne font pas l’objet d’anecdotes de tournage.
C’est là une des insuffisances de l’ouvrage, qui nous empêche d’admettre que ce serait une “biographie de référence“ (comme le prétend la quatrième de couverture). Par ailleurs, Bernard Pascuito ne se soucie pas des normes que tout biographe sérieux est censé respecter, citant la plupart de ses sources sans en fournir les références complètes, et allant jusqu’à oublier de mentionner le nom de tel critique (de Positif) dont il utilise l’article (p. 152).
A ces défauts s’ajoute la tendance fâcheuse de l’auteur à “se mettre à la place“ de Romy Schneider ou d’autres personnes pour nous rapporter ce qu’elles auraient pensé et éprouvé à un moment donné. On peut comprendre qu’il y soit porté, mais on regrette qu’il n’ait pas eu le recul nécessaire pour présenter ses hypothèses comme purement personnelles, au lieu de nous les fournir en guise de vérités.
On peut aussi être irrité par l’aspect sensationnaliste du texte, qui donne volontiers dans le mélo, voire dans le sordide. Bernard Pascuito admire certainement Romy Schneider, mais la façon dont il lui rend hommage n’est pas des plus estimables.
Cependant, si l’on oublie la prétention à “faire référence“, pour considérer que l’ouvrage vise le lectorat le moins exigeant, on peut y voir certaines qualités. La principale tient au choix d’alterner des épisodes des années 1979–1982 avec des retours en arrière : ainsi construit, le récit évite l’aspect fastidieux que peuvent avoir certaines biographies qui suivent l’ordre chronologique, et se ménage des effets de surprise bienvenus, issus du “montage“ de ses séquences.
En outre, l’idée d’insister sur la fin de la vie de l’actrice semble justifiée, dans l’optique d’ensemble de Pascuito selon laquelle Romy Schneider était essentiellement un personnage en souffrance, voire tragique. Et les témoignages inédits que l’auteur a recueillis – notamment ceux de Jacques Rouffio, d’Andrea Ferreol, du producteur Raymon Danon et de sa fille Géraldine – nous offrent des aperçus vivants et crédibles de certains moments de la vie de Romy Schneider.
agathe de lastyns
Bernard Pascuito, La Dernière Vie de Romy Schneider, le Rocher, septembre 2018, 278 p. – 18,90€