Une belle relecture de la Mythologie grecque
Il existe deux versions, assez proches l’une de l’autre, de la légende d’Atalante. La plus courante en fait la fille du roi de Péloponnèse, Iasos, et de Clymène. Elle a été abandonnée à sa naissance par son père qui voulait un garçon. Recueillie par une ourse, elle est élevée par le fauve jusqu’à ce que des chasseurs la trouvent et l’adoptent.
D’une grande beauté, Atalante, devient par ailleurs une redoutable chasseresse, plus douée que les hommes au tir à l’arc, à la course et à la lutte. Elle est la seule femme à participer à la quête de la Toison d’or menée par Jason et les cinquante Argonautes.
À l’issue de l’aventure, accompagnée de Pyros, Atalante a rejoint les Amazones, décidée à s’intégrer dans leur communauté. Elle a participé aux premières épreuves qui se déroulent pendant les festivités d’anniversaire de la reine Hippolytée, et battu, à la course, la grande héroïne des jeux. Cette dernière veut se venger de l’affront.
Au début du présent album, Atalante cherche où dormir quand elle est reconnue par Andromède. Celle-ci, qui est de garde, lui propose une cellule pour se reposer. Quelle n’est pas sa surprise quand elle découvre, dans l’une d’elles, Héraclès. Il s’est laissé enfermé pour, dit-il, aider Atalante qui aura très vite besoin de lui et retrouver la reine qui est…folle de lui.
Alors que les jeux reprennent, la chasseresse est agressée par un tir de javelot venant de sa concurrente. Celle-ci la défie, mais avant de pouvoir régler cette affaire un son de trompe retentit. C’est le signal d’une attaque menée par Sargon qui s’invite à l’anniversaire avec une troupe de solides gaillards…
Atalante est, par sa nature légendaire, l’héroïne rêvée d’un récit d’aventures épiques. Les liens très forts qu’elle peut entretenir avec tout ce que compte la mythologie grecque en dieux et demi-dieux autorisent un nombre de situations, d’intrigues toutes plus attractives les unes que les autres. Et Crisse ne s’en prive pas, faisant accompagner la belle chasseresse par Héraclès, lui-même animateur incontestable de luttes, pugilats et autres combats.
Il était normal qu’elle rencontre les Amazones, une société à la renommée riche en fantasmes. Et, avec ces guerrières, Atalante se trouve entrainée dans un conflit avec un envahisseur qui verrait bien ces jeunes femmes sous sa coupe. Il faut remarquer que les vieilles femmes sont totalement absentes, sauf sous un déguisement pour trois d’entre elles.
Il y a bien eu un Sargon, dit l’Ancien, fondateur du premier empire mésopotamien, qui bâti un empire colossal pour l’époque, à la tête de ses hordes. Mais ce personnage apparaît, à bien des égards, comme plus légendaire qu’historique. Donc pourquoi pas, alors, une rencontre musclée avec l’héroïne et son accompagnateur ? Il faut rappeler que le huitième travail d’Héraclès consiste à s’emparer de la ceinture de la reine des Amazones, d’où le lien avec la présence du demi-dieu dans la place. Mais ira-t-il au bout, comme le racontent les écritures ?
Grey assure un dessin semi-réaliste, dynamique, donnant à ces demoiselles des formes épanouies et largement révélées par des costumes peu couvrants. Elles exhibent ainsi une anatomie généreuse que la mise en couleurs de Fred Besson met bien en valeur.
Avec cette série, Crisse fait revivre nombre des exploits mythologiques, mêlant avec bonheur actions et humour, mis en images de belle manière.
serge perraud
Crisse (scénario et story-board), Grey (dessin) & Fred Besson (couleurs), Atalante — La Légende – t.10 : Les Hordes de Sargon, Soleil coll. Fantastique, novembre 2017, 48 p. – 14,50 €.