Giacomo, l’aventurier séducteur vénitien par excellence, né sous la plume de Jean Dufaux et le crayon de Griffo, a vu sa première équipée paraître en album, dans la collection Vécu de Glénat, en mai 1988. La quinzième aventure du héros a été publiée en mai 2005. Et depuis plus rien jusqu’à cette fin d’année 2017 où il réapparaît. Sous le titre de la série se cache le fameux aventurier Casanova, prénommé Giacomo, né à Venise en 1725 et décédé en 1798 dans le royaume de Bohème. Casanova, qui a fait de son nom un synonyme de séducteur, se vante, dans Histoire de ma vie, son autobiographie (on n’est jamais si bien servi que par soi-même !), écrite en français, d’avoir séduit et connu sexuellement cent quarante-deux femmes.
La nouvelle du retour de Monsieur de C. se répand à Venise. C’est d’abord Parmeno, en compagnie de sa nouvelle conquête noire, puis Dominica Albrante qui se souvient d’un passé qui ne s’oublie pas. À sa descente de la goélette venant de Corfou, il est agressé par le signore Pandolfi, accompagné de ses deux fils, qui veut venger l’honneur de la Turbina, son épouse défunte depuis. L’amiral Enzo Mazeo est là pour venger son prédécesseur le marquis de San Vere. Si Monsieur de C. se débarrasse très aisément de la famille Pandolfi, il est arrêté par Mazeo. Mais Giacomo produit une lettre adressée au comte Domenici, un membre du Conseil des Dix, par le Provéditeur général de la mer basé à Corfou. Il mentionne que Monsieur de C. est l’homme de la situation pour découvrir l’espion qui, parmi les pairs de la cité, travaille pour le sultan Mamhud Ier.
Et Monsieur de C. raconte comment il est entré en possession de cette information mais garde pour lui les moyens de démasquer l’espion. Si le comte accepte sa version, il n’en n’est pas de même pour Mazeo. À l’extérieur, La Malizia accompagnée d’Ali son garde du corps, s’inquiète et tente de se rassurer sur l’issue de l’entretien. Elle mise sur le fait que la présence d’un traître au sein du Conseil des Dix est trop grave pour ne pas essayer de le démasquer. Et, en effet, Giacomo ressort libre, mais reste sous la haute et haineuse surveillance de la police commandée par Mazeo.
Cette nouvelle aventure débute par la rentrée, cinq ans après sa fuite, du héros dans sa ville natale. Jean Dufaux s’inspire-t-il du livre le plus abouti de l’aventurier pour, à partir d’une confidence, d’une anecdote, imaginer une intrigue où se mêlent tous les ingrédients du récit d’aventures et d’action se déroulant au XVIIe ou XVIIIe siècle ? Il compile avec bonheur duels, combats, courses-poursuites effrénées, séquences de repos du guerrier (ce qui permet à Griffo de réaliser de magnifiques plastiques féminines), scènes humoristiques, conspirations, trahisons… Jean Dufaux signe, pour ce Retour à Venise un superbe complot et une intrigue fort retorse comme il en a le secret.
Griffo, qui accompagne le scénariste depuis le début de la série, assure un dessin dynamique, mettant essentiellement en scène des personnages dont il restitue l’expressivité et le dynamisme des mouvements. Il habille aussi bien qu’il déshabille toute la population féminine qui croise la route du héros, mais reste quelques peu en retrait pour les décors et les audaces de mise en page.
Ce nouvel album et ce retour sont une bonne surprise qui sera suivi, à n’en pas douter, par de nombreuses autres.
serge perraud
Jean Dufaux (scénario) & Griffo (dessin et couleurs), Giacomo C. — t.1 : “Retour à Venise”, Glénat, coll. “Caractère”, octobre 2017, 56 p. – 14,50 €.