Déjà auteur d’une inoubliable biographie de Fouché, le ministre de la Police de Napoléon, Emmanuel de Waresquiel ouvre de nouveau le dossier de celui qui en avait tant. A l’aide d’archives inédites et de relectures de pièces déjà connues, il apporte un certain nombre d’éléments afin de toujours mieux percer le mystère de cet homme glacial, de celui qu’il compare à un iceberg, « un tiers visible, deux tiers immergés ».
On retrouve bien sûr le personnage effrayant de la biographie, l’architecte d’une répression qui, sous le Consulat et l’Empire, atteint des proportions trop souvent méconnues. « Personne, écrit l’auteur, ne sait vraiment qui a été arrêté, emprisonné, exécuté. » Cette police, Fouché l’a construite sur les principes de la Révolution : « centralisation, unité de décision et d’action, subordination du pouvoir militaire à l’autorité civile. »
Car c’est là que se situe toute la cohérence de cet homme qui servit bien des régimes : la fidélité à la Révolution. C’est elle d’ailleurs qui décida de son mariage avec Bonne Jeanne Coiquaud avec laquelle il forma un couple uni dans les vertus bourgeoises et la laideur…
Il en défendit les principes et s’acharna contre les émigrés avant de s’en faire des protégés. Il y avait bien sûr le vote terrible du 21 janvier 1793 qu’il chercha à minimiser en réécrivant l’histoire mais jamais il ne renia la Révolution pendant laquelle il fit preuve « d’un anticléricalisme de guerre civile ».
Fouché, toujours aussi effrayant et fascinant.
frederic le moal
Emmanuel de Waresquiel, Fouché. Dossiers secrets, Tallandier, septembre 2017, 316 p. — 22,00 €.