Luc Brunschwig & Olivier TaDuc, XIII Mystery — t. 11 : “Jonathan Fly”

La jeu­nesse de Jason

Jona­than Fly appa­raît prin­ci­pa­le­ment dans les tomes 6 et 7 de la saga XIII, à savoir Le Dos­sier Jason Fly et La Nuit du 3 août, où il est assas­siné par le Ku Klux Klan. Avec le pré­sent spin-off, Luc Brun­sch­wig dévoile une par­tie de l’enfance de Jason Mac Lane ou de Jason Fly et les rela­tions avec son père adop­tif.
Dans le Drury Plaza, le pas­teur noir Isayah Caton-Wood est au télé­phone avec Maya son épouse. À la télé­vi­sion, un repor­ter fait état des vio­lences qui se sont dérou­lées après son mee­ting. Il avoue ne plus contrô­ler la situa­tion. Il reçoit une call-girl, une rousse incen­diaire qui lui sert, à son insu, un gin drogué.

À Green­falls, une petite ville mon­ta­gnarde, Jason rentre avec deux truites alors que son père est au télé­phone avec le rédac­teur en chef du Washing­ton Today. Celui-ci évoque la dis­pa­ri­tion du pas­teur dont on est sans nou­velles depuis deux jours. Le FBI pense que ce der­nier a choisi de fuir une situa­tion qu’il ne maî­tri­sait plus. Jason pro­pose de faire cuire les pois­sons. Son père acquiesce dis­trai­te­ment. Lorsque les truites sont prêtes, Jona­than dicte un article. Le gar­çon les jette et se met à la rédac­tion qu’il doit rendre.
L’événement, dans la petite ville de Green­falls, est l’arrivée de Jas­per Kon­rad Glo­ver, le tout puis­sant direc­teur du FBI. Il n’est pas venu chas­ser depuis huit ans. Il est accueilli en héros car n’est-il pas une des plus fines gâchettes du pays ? Jona­than le connaît bien car leurs routes se sont croi­sées il y a quelques années. Il a une revanche à prendre…

Luc Brun­sch­wig n’a pas son pareil pour construire une his­toire, lui don­ner une flui­dité nar­ra­tive et entraî­ner ses lec­teurs dans une intrigue d’une pré­ci­sion impla­cable jusqu’à un final de toute beauté. Et il tient son art du récit même quand il est placé, comme ici, dans un cadre strict et bien défini. Avec Jona­than Fly, le scé­na­riste fait revivre ces années sombres où la lutte des noirs pour l’égalité, contre le racisme, don­nait lieu à des scènes de vio­lences. Si la situa­tion a quelque peu évo­lué, à la lec­ture d’événements récents, rien n’est gagné et il reste bien du che­min à par­cou­rir.
L’auteur dépeint un homme hanté par un souci de jus­tice, par la traque de la vérité et par la volonté de retrou­ver son hon­neur bien outragé. Le père est pré­sent dans la mai­son mais tel­le­ment pré­oc­cupé qu’il néglige son entou­rage. Et Jason en soufre, se sent délaissé voire aban­donné d’autant que des scènes de sa vie d’avant lui reviennent. Par ailleurs, la per­son­na­lité de Glo­ver, son aura de héros, entre­te­nue à coups de men­songes, le fas­cine. Il ira contre son père sou­te­nant la légende du direc­teur du FBI, ce qui explique cer­taines inter­ac­tions dans la série.
On ne peut cepen­dant s’empêcher de faire des rap­pro­che­ments entre ces per­son­nages de fic­tion et d’authentiques pro­ta­go­nistes de ces luttes. Ainsi, le couple Mon­trose pour­rait être les époux Rosen­berg, J.K. Glo­ver res­semble fort à John Edgar Hoo­ver et le pas­teur Caton-Wood a des airs de Mar­tin Luther King…

Olivier TaDuc assure un des­sin réa­liste, sub­til et élé­gant par des traits fins et un juste équi­libre dans l’ombrage. Le soin apporté aux détails, la jus­tesse des expres­sions, tant des adultes que des enfants, les cadrages étu­diés, pré­cieux, concourent à d’admirables planches qui réjouissent la vue.
Avec Jona­than Fly, cette série trouve bien sa jus­ti­fi­ca­tion en appor­tant des éclai­rages com­plé­men­taires sur les prin­ci­paux pro­ta­go­nistes d’une superbe saga.

serge per­raud

Luc Brun­sch­wig (scé­na­rio), Oli­vier TaDuc (des­sin) & Béran­gère Mar­que­breucq (cou­leurs), XIII Mys­tery, t.11 : “Jona­than Fly”, Dar­gaud, juin 2017, 56 p. – 11,99 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>