Collectif, Le Monde du catholicisme

Un volume impressionnant

Cet impres­sion­nant volume réunit envi­ron 2000 notices rédi­gées par 127 uni­ver­si­taires, spé­cia­listes du catho­li­cisme. Il com­mence par une “Intro­duc­tion“ qui n’a rien des pré­faces ennuyeuses que le lec­teur lâche dès les pre­miers lignes ; on peut même dire que c’est là le mor­ceau capi­tal de l’ouvrage, tant il nous ren­seigne effi­ca­ce­ment sur le catho­li­cisme, en com­men­çant par la notion elle-même. Quant aux notices, cha­cun étant libre de les consul­ter selon ses besoins et ses centres d’intérêt per­son­nels, j’ai essayé la méthode qui consiste à pico­rer un peu par­tout, et selon les cri­tères les plus variés.
Cela m’a per­mis de faire des décou­vertes éton­nantes, dont la plus inat­ten­due concerne le dra­peau euro­péen (p. 411) : consul­tez cette notice, vous ne le ver­rez plus jamais du même regard. Une autre sur­prise : la bande des­si­née, et notam­ment “l’école franco-belge“, s’avère “pro­fon­dé­ment mar­quée par des influences catho­liques“ (p. 115), comme le démontre la notice à son sujet. Les entrées consa­crées aux bières et au fro­mage sont aussi fort ins­truc­tives, à recom­man­der aux gour­mands, même mécréants.

A pro­pos de mécréants, les auteurs du dic­tion­naire ne les perdent jamais de vue, se mon­trant sou­cieux de confron­ter les idées. Ainsi, l’entrée “Opéra“ nous ren­seigne sur l’opposition entre les ten­dances catho­lique et anti­clé­ri­cale au XIXe siècle, et Fel­lini qui ne se pri­vait pas de moquer l’Eglise s’attire une notice fort admi­ra­tive. La notion d’“opium du peuple“ est prise en compte aussi, avec maes­tria. Et pour prou­ver de façon écla­tante qu’ils ne craignent pas les sujets mal­com­modes, les direc­teurs de l’ouvrage y ont même inséré un texte qui com­mence en ces termes : “Réser­ver une entrée à la pédo­phi­lie dans un dic­tion­naire consa­cré au catho­li­cisme consti­tue un évé­ne­ment.“ On n’ira pas pré­tendre le contraire.
Si vous sou­hai­tez vous ren­sei­gner plu­tôt sur des notions clés comme le péché ori­gi­nel ou le par­don, vous ne res­te­rez pas déçus non plus, tant les déve­lop­pe­ments sont clairs et éru­dits. J’avoue avoir un faible pour la manière dont les péchés capi­taux se trouvent com­men­tés, avec cette phrase d’attaque : “L’expression est deve­nue une pièce de musée.“ (p. 996).

En somme, il suf­fit de feuille­ter au hasard ce dic­tion­naire pour décou­vrir des textes savou­reux sur les sujets les plus variés. Je n’y ai rien déni­ché de cri­ti­quable hor­mis une omis­sion fran­che­ment cho­quante : à pro­pos de “Jeanne d’Arc dans les arts“, le film La Pas­sion de Jeanne d’Arc est com­menté sans un mot au sujet de Joseph Del­teil, le roman­cier adapté par Dreyer – alors que Del­teil aurait mérité toute une entrée, pour être aussi l’auteur (entre autres) d’un for­mi­dable Fran­çois d’Assise et d’un irré­sis­tible Jésus II.

agathe de lastyns

Col­lec­tif, dirigé par Jean-Dominique Durand, Claude Prud­homme, Le Monde du catho­li­cisme, Robert Laf­font, col­lec­tion “Bou­quins“, mars 2017, 1536 p. – 34,00 €.

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