Quand la colocation tourne au cauchemar
Esther et Quinn partagent depuis plusieurs mois le même appartement à Chicago. Très rapidement, les deux jeunes femmes sont devenues amies, et quand Esther disparaît du jour au lendemain, Quinn n’en revient pas et commence à s’inquiéter. La belle Esther, aussi organisée que mystérieuse, lui aurait-elle dissimulé des secrets ? Celle que Quinn surnommait Sainte Esther n’a laissé que peu de choses personnelles derrière elle, à part une lettre et quelques affaires apparemment dénuées d’intérêt. Quinn se lance alors dans une enquête qui pourrait bien s’avérer plus dangereuse qu’elle ne le pensait.
Dans le même temps, à une centaine de kilomètres de là, dans un petit port du lac Michigan, Alex, jeune homme à la vie paisible, fait la connaissance d’une troublante inconnue, dont il tombe vite sous le charme. Mais que vient-elle faire dans cette petite ville ennuyeuse et qui semble-t-elle espionner ?
Mary kubica n’en est pas à son coup d’essai dans le monde du thriller. Après L’inconnue du quai et Une fille parfaite, elle revient ici avec un roman à la double narration. Quinn et Alex alternent leurs récits, et reconstituent un puzzle qui ne prendra vraiment totalement forme qu’à la fin du roman. L’écriture reste cependant un peu jeune encore, et pourrait d’abord sembler viser de jeunes adultes. Il y a des moments répétitifs, où l’on patauge un peu comme l’auteure, mais heureusement, très vite, le suspense prend le dessus, et le rythme donné par des chapitres courts (l’histoire prend place de surcroît sur cinq jours) évite tout ennui. La psychologie des personnages est assez travaillée, surtout celle d’Alex et d’Esther. L’atmosphère pourrait laisser penser au début à Jeune fille partagerait appartement dans les meilleurs moments, mais évolue parfois aussi vers une intrigue de téléfilm.
Si le style n’est donc pas toujours au sommet, il faut cependant apprécier les derniers chapitres du roman, qui méritent à eux seuls tous nos compliments. Pas évident de deviner la fin, car beaucoup de surprises attendent le lecteur dans les dernières pages… pas de quoi pleurer, mais le pari est tenu au bout du compte pour Mary Kubica, qui, grâce à son imagination, pourrait bien prendre un jour une plus grande place dans la liste des meilleures ventes de romans policiers.
franck boussard
Mary Kubica, Ne pleure pas, Harper Collins Noir, 2017, 342 p. — 18,90 €.