Un nouveau cycle qui démarre fort
Cinq enfants, Dodji, Leila, Yvan, Camille et Terry se retrouvent dans un univers sans adultes. Celui-ci ressemble au monde contemporain qu’ils ont l’habitude de fréquenter. Mais ils sont morts et ont été projetés dans le Monde des Limbes. Après avoir lutté seuls contre une menace terrifiante, ils rencontrent d’autres habitants, une société de castes où se déroulent des événements fantastiques. S’ils ne peuvent plus mourir, ils doivent quand même faire face à des dangers qui les placent dans des situations très inconfortables.
Avec La machine à Démourir, le tome 10 de la série, les auteurs ouvrent un troisième cycle. Terry et le Maître des couteaux sont perdus dans un paysage de neige. Ils trouvent un refuge et décident de s’arrêter le temps que cela se calme. Or, ils sont au seuil d’un immense hangar où se déroulait le 5e Salon du Jouet. Dodji est de retour à Fortville poursuivi par un puissant magicien qui l’enferme dans un lieu connu de lui seul. Yvan se retrouve à quelques kilomètres du village où il passait ses vacances. Il décide de prendre le vélo tout proche et de se rendre dans la maison paternelle. Leila, inconsciente, est enfermée dans un casier ressemblant à ceux d’une morgue. Le Général spécifie que lui seul pourra y accéder.
Terry s’éclate dans cet univers remplit de jouets. Mais il prend conscience de sa situation et rêve de pouvoir revenir en arrière. C’est un stand avec Frankenstein qui lui donne l’ide de construire une machine permettant de revenir dans leur monde d’origine. Il assemble nombre de pièce hétéroclites et reste persuadé que son engin va fonctionner, au point qu’il n’ose pas l’essayer, ne voulant pas se retrouver dans son cercueil. Camille apparaît dans le hangar et offre une pierre ensanglantée au Maître des couteaux. La vue de celle-ci réveille sa fureur et il poursuit son jeune ami avec la tronçonneuse que ce dernier lui a offert tout récemment.
Cet album donne la vedette à Terry le plus jeune des enfants, alors qu’il est accompagné par le Maître des couteaux devenu son ami. Le scénariste donne une dimension poétique, une portée plus “enfantine” à son récit en mettant en scène des situations issues de l’imagination, des croyances des enfants. Pourquoi, puisque que l’on peut mourir, ne pas envisager comme dans les films, de faire l’inverse, de revenir en arrière et de démourir ? Fabien Vehlmann continue, cependant, à enrichir son univers et à développer des péripéties pour les autres protagonistes de la série, ajoutant à chaque nouvel épisode de nouveaux personnages ou structurant de nouvelles combinaisons. Il en est ainsi de la menace que fait peser la 6e famille et les nouveaux éléments dévoilés quant aux composantes de ce monde. Il prend, pour ce faire, des théories tout à fait acceptables issues de la physique quantique.
Il ne faut pas se laisser abuser par l’apparente simplicité des planches. Celles-ci sont travaillées et se révèlent fouillées, denses, d’une grande capacité narrative, fourmillant de détails spécifiques. L’album comprend des défis graphiques comme cette lutte dans une ville construite en briques Lego. La représentation de la machine est également superbe tout en respectant l’esprit d’un enfant.
Le premier cycle de la saga fait l’objet d’un film réalisé par David Moreau et qui est annoncé sur les écrans le 8 février 2017. Le présent tome relance la série avec, en conclusions, de nouvelles pistes qui laissent augurer un suspense attractif.
serge perraud
Fabien Vehlmann (scénario), Bruno Gazzotti (dessin), Usagi (couleurs), Seuls — t.10 : “La machine à Démourir”, Dupuis, novembre 2016, 48 p. – 10,60 €.