C’est toute l’histoire des USA qui défile
Le 30 avril 1789, Georges Washington, le premier président des États-Unis, entre en fonction. Ces États sont, en fait, treize petites colonies de la côte Est qui se sont révoltées contre la puissante Angleterre. Les colons en avaient assez d’être écrasés par les taxes et les impôts. La rupture n’a pas été facile, mais de batailles en batailles ces pionniers ont obtenu leur indépendance en septembre 1783, aidé par la France qui envoya le fameux marquis de La Fayette. Mais cette présidence n’était pas celle que l’on connaît aujourd’hui. Elle était itinérante, sans moyens logistiques.
La ville de Washington restait à construire et la Maison blanche ne sera occupée qu’en novembre 1800 par John Adams. Longtemps cette présidence sera soumise à un Congrès dominateur et devra affronter des “gouverneurs” d’état soucieux de conserver les prérogatives données par la Constitution. Pourtant, en à peine plus de deux siècles, l’évolution, non linéaire cependant, installe un homme à la tête d’un des plus puissants pays de la Terre, un des maîtres du monde. De plus, ironie de l’Histoire, cette Angleterre si puissante est aujourd’hui à la remorque de ce qu’elle considérait comme une nation insignifiante.
Georges Ayache entreprend de raconter l’histoire et de dresser le portrait des quarante-quatre hommes qui se sont succédé à ce poste depuis 1789. Si certains sont entrés dans l’histoire par la grande porte pour leurs qualités humaines ou pour leur faculté à modeler une nation vers plus de grandeur, nombre d’entre eux sont passés à la trappe et seuls quelques érudits connaissent encore leurs noms. D’autres, médiocres, incompétents ont été portés à cette fonction par hasard, de façon incompréhensible (mais balayons devant notre porte avant de porter un jugement !).
Il retrace l’évolution de cet exécutif qui avait été voulu : “digne mais modeste” par les pères fondateurs. Ceux-ci, pour ne pas recréer le modèle anglais, imprégné des idées du siècle des Lumières avait établi une constitution en plaçant la présidence dans l’ombre du Congrès, celui-ci détenant le pouvoir politique. Mais les Américains ont eu la chance d’avoir su porter à la tête de la présidence les hommes “…qu’il fallait quand et où il le fallait.”, Georges Washington, mais aussi Thomas Jefferson, James Madison…
Pour chacun, l’historien retrace, en une dizaine de pages, leur origine, leur parcours, les raisons et les causes de leur élection, leurs grands faits et les actions marquantes dont ils sont été les auteurs ou les initiateurs. Il complète chaque biographie par une bibliographie sélective, mais cependant digne d’intérêt et par quelques points spécifiques, quelques détails savoureux sur ces personnages dans une rubrique En savoir plus. Ainsi, par exemple, on apprend que James Gardield, dossard n° 20, fut le second président à être assassiné. Toutefois, il n’est pas mort de la balle reçue dans le dos, mais d’une infection causée par le manque d’hygiène de ses médecins. Ce qui fera dire à Charles Guiteau, qui lui a tiré dessus, que les véritables assassins étaient les praticiens du président. Barack Obama est un grand collectionneur de Comics, particulièrement ceux de Spiderman. Georges Washington refusa de percevoir pendant toute sa présidence (deux mandats) son salaire de 25 000 dollars annuels.
Un glossaire commenté détaille ce qui fait la spécificité de ce pays dans son organisation politique. Sa lecture est précieuse dans la période actuelle pour mieux comprendre les divers degrés qui mènent un homme, ou une femme, à la présidence et de qui il est entouré. Outre l’intérêt de chaque portrait, Georges Ayache brosse, en un raccourci saisissant, toute l’histoire des USA depuis 1789.
Un livre indispensable dans toute bonne bibliothèque et passionnant à lire.
serge perraud
Georges Ayache, Les présidents des États-Unis. Histoire et portraits, Perrin, août 2016, 480 p. – 24,00 €.