Mussolini, piètre chef de guerre
Les historiens se déchirent encore aujourd’hui autour de la question de savoir si Hitler a été ou non un bon chef de guerre. Mais ils ne se posent jamais la question au sujet de son allié et comparse italien Mussolini. L’ouvrage de Max Schiavon apporte à cette question une réponse tout à fait intéressante.
Conçu comme une biographie, le livre, en fait, ne l’est pas au sens classique du terme. Si l’auteur revient sur les grandes étapes du parcours de Mussolini, c’est pour mieux se plonger dans le cœur du sujet : les conceptions du dictateur en matière stratégique et sa responsabilité dans la litanie de désastres militaires ou de victoires peu glorieuses des armées italiennes.
Toutes les grandes opérations sont passées au crible. Celle d’Ethiopie occupe une grande place car elle constitue la première guerre du régime, celle qui devait fonder le nouvel Empire. Le Duce mérite incontestablement les lauriers de la victoire mais, comme l’affirme Max Schiavon, c’est une victoire en trompe-l’œil, l’ivresse du succès et la propagande masquant les déficiences réelles de l’armée apparues pourtant au grand jour.
Lors de la guerre d’Espagne on découvre un Mussolini intervenant à tout bout de champ, agissant toujours « de manière impulsive » persuadé que « l’intendance suivra ». Là aussi les lacunes sont pourtant criantes.
Tout cela apparaît au grand jour lors de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle le Duce, pour des raisons avant tout idéologiques, plonge son malheureux pays. Toutes les opérations armées sont étudiées en détails ainsi que la lente mais inexorable subordination de Mussolini à Hitler.
Que ce soit en Grèce et en Libye, les décisions du dictateur pèseront très lourd dans la balance des défaites humiliantes. Même la victoire contre la Yougoslavie n’en est pas une…
Bref, le dictateur manque de clairvoyance et même, affirme Max Schiavon, de volonté notamment face à un Hitler entraînant l’Italie dans la catastrophe ; il existait en effet pour Mussolini des portes de sortie qu’il aurait pu prendre. Mais la guerre qu’il mène n’a rien à voir avec celle de l’Europe d’avant 1914. Elle est idéologique.
C’est donc vaincre ou mourir. Pas d’échappatoire possible.
frederic le moal
Max Schiavon, Mussolini. Un dictateur en guerre, Perrin, mai 2016, 270 p. — 21,00 €.