Le livre de Catherine Bensaid, fruit de sa réflexion sur les consultations où chaque jour cette psychiatre et psychanalyste reçoit des femmes de tous âges, se présente comme « Une invitation stimulante pour les femmes d’aujourd’hui à devenir pleinement ce qu’elles sont. »
Et sur douze chapitres, tous intitulés sous la forme « Libre de… » (« Libre de naître fille », « Libre de ses rêves de petite fille », « Libre de n’être pas sa mère », « Libre d’être belle », « Libre de son désir », pour n’en citer que quelques-uns), compilations issues des témoignages — dont elle a été le recueil — agrémentés de recherches plus historiques qui viennent étayer ses analyses de paroles de femmes écrivains ou autres célébrités (au nombre desquelles Simone de Beauvoir ou Emmanuelle Béart), elle réussit à énumérer les carcans dans lesquels on enferme les femmes – ou bien dans lesquels elles s’enferment – et à les démonter un à un. Car selon elle, « Prendre conscience de toutes nos entraves est le moyen de nous en libérer progressivement ».
Ce livre est conçu comme une sorte de visite chez la psy, fourmillant de conseils en filigrane de ces réflexions, invitant les femmes (on aura saisi qu’elles sont la cible) à se libérer des entraves qui les empêchent de trouver la liberté, intérieure avant tout, qui leur permettra de vivre pleinement leur vie. Et cela, sans jugement, sans condamnation stérile, mais plutôt sous forme d’accompagnement tout en douceur. Car si la femme est encouragée à se libérer, ce n’est pas dans le but de se confronter avec ses oppresseurs, mais pour s’accomplir en profondeur.
On l’aura compris, l’ouvrage n’est pas exempt de poncifs peu éclairants, pourtant il faut tout de même souligner les apports et apprentissages qu’il peut fournir aux intéressées. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié le chapitre « Libre d’être belle », et notamment les révélations des petits trucs utilisés par certaines femmes célèbres pour garder cette beauté tellement convoitée : des femmes du Moyen Âge qui s’enduisaient le visage de céruse (un dérivé de l’oxyde de plomb) pour éclaircir leur teint, à Sissi, l’impératrice d’Autriche, qui se faisait des masques à base de viande de veau crue (les stars actuelles n’ont rien inventé) ou s’enroulait la nuit dans « un linge trempé dans du vinaigre… pour rester mince », en passant par Diane de Poitiers et ses bains glacés ou le bouillon d’or qu’elle buvait tous les matins (qui causa peu à peu son empoisonnement), l’histoire est là pour conforter l’adage selon lequel « Il faut souffrir pour être belle ».
Catherine Bensaid pense plutôt, pour sa part, que « se sentir belle, ou non, est une relation entre soi et soi, avant de l’être avec ceux que l’on aimerait séduire. »
A bonne entendeuse…
agathe de lastyns
Catherine Bensaid, Libre d’être femme, L’Iconoclaste, Psycho, mars 2016, 265 p; — 19,00 €.
j’ ai lu tous vos livres °°° qui sont des diamants ”