Joe Cusco a avalé tout son or avant de mourir et veut être enterré dans la mine où a débuté sa fortune. Pour être sûr d’être obéi, il a payé un tueur qui exécutera un otage anonyme si dans trois jours sa dépouille n’est pas dans la tombe, avec sa richesse. C’est Jonas Crow, le croque-mort, qui est payé pour exécuter ce travail. Rose Prairie, sa gouvernante, et Madame Lin, sa cuisinière, ayant perdu leur employeur, l’accompagnent. McKullen, l’homme à tout faire de Cusco veut la fortune. Il attise la vindicte des mineurs en leur disant que l’or, qu’ils ont extrait au péril de leur vie, leur revient. Le shérif, et ses adjoints, sont de la partie quand ils découvrent que le croque-mort est recherché pour meurtres.
Tous prennent en chasse le trio. La poursuite est terrible. Chacun a une bonne raison de continuer. Jonas veut sa prime. Madame Lin et Rose désirent, chacune à leur manière, sauver leur honneur. Madame Lin tue le shérif qui les avait rattrapés. La meute se heurte à un peloton de cavalerie qu’elle extermine. L’enjeu dépasse tous les individus. C’est une lutte à mort qui s’engage entre le trio et des hommes qui ne peuvent plus reculer dans un désert qui les oblige à aller au bout d’eux-mêmes…
Xavier Dorison renoue avec la grande tradition du western, retrouvant les grands thèmes qui ont fait les beaux jours du genre. Il choisit pour héros un personnage peu commun, bien que très présent dans la bande dessinée (Morris en a fait un usage fréquent). Contrairement à ce dernier, il en fait une présentation très positive. Le croque-mort qui avait une figure cireuse, une silhouette de vautour devient, avec Undertaker, un homme de la stature d’un Blueberry maniant les armes et l’humour noir, très noir, avec aisance et brio.
Dans ce diptyque, l’auteur s’intéresse à et développe une autre forme de la fièvre de l’or et montre que les individus sont prêts à tout pour acquérir la richesse, même une infime partie. Il est sans complaisance avec ce genre d’individus, prônant des valeurs plus positives, plus humanistes. Toutefois, ces dernières ne semblent pas être partagées par le héros qui, dans des dialogues étincelants, des répliques cinglantes, voue plutôt l’humanité aux gémonies. Mais cette attitude volontairement provocante cache, sans doute, une autre personnalité qui reste à découvrir.
Ralph Meyer assure un dessin remarquable tant dans la représentation des héroïnes et du héros, des individus aux trognes particulièrement expressives, que dans les décors intimistes et les paysages grandioses. Ce second tome d’Undertaker confirme toutes les qualités de la série. C’est une réussite. Un bonheur ne vient jamais seul puisqu’un nouveau tome, L’Ogre de Sutter Camp, est annoncé.
serge perraud
Xavier Dorison (scénario), Ralph Meyer (dessin et couleurs) & Caroline Delabie (couleurs), Undertaker, t. 2 : “La Danse des vautours”, Dargaud, novembre 2016, 56 p. – 13,99 €.