Quand l’histoire brise les mythes
La Seconde Guerre mondiale correspond la période historique sans doute la plus scrutée, analysée, décortiquée et celle qui intéresse le plus le grand public. Mais la connaît-on vraiment ? Le riche ouvrage collectif, dirigé par Jean Lopez et Olivier Wieviorka, nous montre le poids des mythes qui encombrent encore ce conflit que l’on croit connaître.
Les contributions portent toutes sur un point particulier et aucun domaine ni aucune zone géographique ne sont mis de côté. Et plusieurs feront grincer quelques dents. Le rôle de la France dans la victoire alliée y est relativisé, autant que celui des cheminots dans la résistance. Bien sûr, la question des compétences militaires des grands généraux (Rommel, Montgomery) n’échappe pas à une analyse minutieuse. Et on s’aperçoit que les qualités personnelles ne suffisent pas pour faire un vainqueur…
Passionnante est la contribution sur la fausse victoire japonaise de Pearl Harbor qui n’a que très peu détruit les capacités offensives de l’US Navy, tandis que celle sur les kamikazes insiste sur la terreur qu’inspirent ces opérations sur les Américains, lesquels pourront ainsi justifier l’usage de la bombe nucléaire. Quant aux opérations aériennes des Alliés sur l’Allemagne, Patrick Facon confirme leur faible contribution sur la défaite du Reich. Ce denier n’aurait en outre pas pu être sauvé par les nouvelles armes que seule la propagande de Goebbels présentait comme efficaces.
On ne peut qu’espérer que ce livre permette d’en finir avec ces fameux mythes qui ont la vie dure. L’exemple le plus caractéristique reste celui du « partage du monde à Yalta » qui n’a jamais eu lieu et que Georges-Henri Soutou met en pièces. L’historien ne peut avoir d’états d’âme !
frederic le moal
Jean Lopez & Olivier Wieviorka (dir.), Les mythes de la Seconde Guerre mondiale, Perrin/Guerres et Histoire, septembre 2015, 441 p. — 21,00 €.