Jean Dufaux & Jérémy, Barracuda : t.5 “Cannibales”

Qu’il est joli le retour des pirates !

Trois ado­les­cents, Maria, Emi­lio et Raffy sont entraî­nés dans une suc­ces­sion d’aventures où ils doivent faire preuve de cou­rage, de téna­cité pour res­ter en vie. La pre­mière appar­tient à la noblesse espa­gnole, le second est son ser­vi­teur qui revê­tira des vête­ments fémi­nins pour échap­per à la mort. Le troi­sième est le fils de Bla­ck­dog, le pirate qui arrai­sonne un navire pour s’emparer du Kashar, un fabu­leux dia­mant, aux pou­voirs malé­fiques, en pos­ses­sion des parents de Maria.
Quelques années plus tard, Raffy, blessé, est aux mains de Fine Flamme, une pros­ti­tuée amou­reuse de lui deve­nue gou­ver­neure de l’île de Puerto Blanco. Elle veut se ven­ger et le livrer aux Espa­gnols. Emi­lio et Maria sont sur les traces de Bla­ck­dog, le seul à savoir où il a caché le dia­mant. Celui-ci est pri­son­nier des Moori, des can­ni­bales. Il est tor­turé par Penilla, le sor­cier, qui veut la pierre pré­cieuse pour la rendre à son roi. Il résiste, mais pour com­bien de temps…

Les prin­ci­paux anta­go­nistes de l’histoire se retrouvent pour conti­nuer leur course, n’hésitant pas à cher­cher à se défaire, par tous les moyens, de ceux qui se trouvent sur leur che­min. Mais cette volonté est tem­pé­rée, est frei­née par des sen­ti­ments contra­dic­toires qui les amènent à inflé­chir leur quête.
Jean Dufaux donne vie à des héros sin­gu­liers et à des héroïnes intré­pides cou­ra­geuses, dans la lignée des grandes aven­tu­rières. Il brosse une gale­rie de per­son­nages ani­més par les pires et les meilleurs sen­ti­ments, mêlant amour, ven­geance, ambi­tion, cupi­dité, trai­trise… Avec un art consommé du récit, le scé­na­riste noue le des­tin de ses pro­ta­go­nistes dans une his­toire dense, intense.
Avec cette série, l’auteur renoue avec bon­heur avec l’aventure mari­time, l’univers des pirates et autres détrous­seurs des mers, retrou­vant l’atmosphère de romans tels que L’Île au tré­sor. Il reprend tous les élé­ments qui ont fait les beaux jours du genre : les Caraïbes, les grands voi­liers, la chasse au tré­sor, au pou­voir… Jean Dufaux semble s’amuser comme un fou à réin­té­grer dans son récit toutes les com­po­santes des romans d’aventures exo­tiques tels qu’ils fleu­ris­saient à la fin du XIXe siècle, repre­nant quelques-unes des péri­pé­ties, comme dans cet album, où il fait revivre les anthropophages.

Jérémy, qui fut l’assistant de Phi­lippe Delaby, offre un gra­phisme en har­mo­nie avec l’imagerie tra­di­tion­nelle du genre, avec les idées que l’on peut se faire des acteurs de cette tra­gé­die, dans le décor idéa­lisé de telles actions. Avec un des­sin dyna­mique, proche d’une réa­lité fan­tas­mée, il ne s’économise pas et donne des vignettes com­plètes, détaillées d’une grande effi­ca­cité dans les actions et d’une grande qua­lité. Sa varia­tion des cadrages colle par­fai­te­ment au rythme du scénario.

Avec Can­ni­bales, Jean Dufaux donne pleine puis­sance à son art nar­ra­tif, un art magni­fi­que­ment relayé par un gra­phisme attractif.

Décou­vrir l’album : http://www.dargaud.com/bd-en-ligne/barracuda-tome-5,7905-891214627cff8d86292bb8e2457f064d

serge per­raud

Jean Dufaux (scé­na­rio), Jérémy (des­sin et cou­leur), Bar­ra­cuda, t. 5 “Can­ni­bales”, Dar­gaud, juin 2015, 56 p. – 13,99 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>