Une bonne vengeance se mûrit longtemps !
Avec Que sonne l’heure, Peter James propose un nouvel épisode des enquêtes de Roy Grace, son policier fétiche qu’il fait évoluer dans Brighton. Cette fois, le commissaire, dont la famille s’est agrandie avec le fils qu’il a eu avec Cleo Morey, thanatopractrice en chef à la morgue, se trouve confronté à deux vengeances. Une première qui menace la nouvelle cellule familiale qu’il a créée depuis la disparition soudaine de son épouse, voilà dix ans. Une seconde, presque venue du fond des âges, puisqu’elle est issue d’événements survenus en 1922.
Le romancier croise habilement les fils de ces éléments, mettant son héros doublement au cœur de l’action.
Le développement de cette intrigue, mené avec dynamisme par une galerie de personnages fort bien conçus et étoffée, est attractif. L’histoire se partage entre l’époque actuelle, située en 2012 à Brighton, et celle de 1922 à New York. Ainsi, aux personnes, il mêle des éléments sur la guerre des gangs dans l’Amérique du Nord des années 1920, guerre qui fit nombre de victimes pour la suprématie dans la criminalité, et sur les réseaux des antiquaires anglais. Il apporte de nombreuses indications sur des montres devenues mythiques avec l’engouement récent des investisseurs et autres spéculateurs.
Tout commence à Brooklyn, en 1922, quand, en pleine nuit, un petit garçon terrorisé assiste à l’enlèvement de son père et l’assassinat de sa mère. Sa tante décide de les ramener, sa sœur aînée et lui, en Irlande où il sera moins dangereux de les élever. L’enfant ne veut pas partir, persuadé que son papa va revenir. Sur le quai d’embarquement, un gamin se faufile jusqu’à eux et remet au garçonnet un paquet qui contient un petit révolver, une page de journal sur laquelle sont griffonnés quatre noms et douze chiffres.
À Brighton, en 2012, Amis Smallbone ne pense qu’à se venger de Ray Grace, le commissaire à qui il doit douze ans de prison. Celui-ci, papa depuis quelques semaines, fatigué par des nuits très écourtées, pense à protéger sa nouvelle famille. Une vieille dame qui ouvre à deux agents disant travailler pour la Centrale des eaux se fait violemment agresser.
Suzi Holiday et son équipier patrouillent dans Brighton. Le Central lance un appel pour une urgence de niveau 2. Un homme, qui discute tous les jours avec sa sœur au téléphone, est très inquiet car elle ne répond pas. Le binôme se rend sur les lieux. Sarah Courteney, journaliste télé sacrifie aux diktats de la jeunesse et lutte contre les effets de l’âge, non sans souffrances, chez son chirurgien esthétique.
Dans une maison du quartier ultra chic de la ville, Suzi découvre un cambriolage, une vieille femme de quatre-vingt-dix-huit ans torturée. Tous les objets de valeur ont été pris. La vieille femme, en soins intensifs, tente de répondre à la question de son frère : “Est-ce qu’ils ont pris la montre ?” Celui-ci est ramené quatre-vingt-dix ans en arrière quand ce gamin lui remet le paquet en spécifiant : “Regarde bien les chiffres.” Il pense alors que son fils, et la brute qui l’accompagne, vont tout faire pour retrouver les voleurs… avant la police.
Le romancier signe un excellent jeu de pistes multiples, aux rebondissements adroitement amenés, riche en péripéties et actions tout en maintenant un haut niveau d’informations sur différents sujets. L’heure ultime tant attendue sera-t-elle au rendez-vous pour apaiser une haine, tenir une promesse ? Ce qui est acquis, par contre, c’est l’assurance de quelques heures de bonne lecture passées à suivre le suspense de qualité de Que sonne l’heure.
serge perraud
Peter James, Que sonne l’heure (Dead man’s time), traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Raphaëlle Dedourge, Fleuve Éditions, juin 2015, 480 p. – 19,90 €.