Un excellent chef de guerre mais aussi un habile politique
Il est bon pour l’orgueil français que l’on sait grand d’étudier la vie de ceux qui ont infligé à la France de terribles défaites. Ainsi lira-t-on avec intérêt la biographie de Wellington écrite par Antoine d’Arjuzon. Que sait-on en effet dans nos contrées de cet homme à part qu’il vainquit Napoléon, notre plus grande gloire militaire, sur la plaine de Waterloo en 1815 ? En fait à peu près rien. Cet ouvrage a donc tout à nous apprendre sur ses origines anglo-irlandaises, son enfance de fils mal aimé, au parcours scolaire peu reluisant, mais qui sut réussir grâce à son appétit de lectures, à ses relations sociales et familiales, à ses fidélités et à ses qualités de chef militaire.
Le poids de son séjour en Inde sur le reste de son parcours est bien mis en relief puisqu’il y apprend vraiment à faire la guerre et y remporte ses premières victoires. Il est ensuite entraîné, comme tous ses contemporains, dans l’ouragan de fer et de feu déclenché par la Révolution et amplifié par son fils légitime Bonaparte. De très nombreux chapitres sont consacrés aux opérations au Portugal et en Espagne. C’est un point important qui montre que, bien avant Waterloo, les deux grands chefs militaires déjà se combattent. De plus, Wellington y fait la preuve de ses qualités politiques quand il s’agit de négocier un armistice avec Junot.
Ce trait de caractère est également bien décrit : Wellington est un excellent chef de guerre mais aussi un habile et fin politique, très lié à Castelreagh. Son inébranlable volonté de vaincre et de défendre son pays et son roi cohabite avec une prudence remarquable qui lui fait comprendre la nécessité de ne pas brutaliser la France vaincue.
On ne s’étonne donc pas de voir que sa carrière ne s’arrête pas à Waterloo : ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et finalement Premier ministre qui dut affronter plus d’une fois les affres de l’impopularité. Etonnante et riche personnalité qui peut-être aurait mérité une analyse psychologique plus poussée de la part de l’auteur. Cette réserve faite, ce travail mérite une lecture attentive par tous ceux qui se passionnent pour l’épopée napoléonienne. Il leur offrira une vision différente et originale.
frederic le moal
Antoine d’Arjuzon, Wellington, Perrin, réédition de mai 2015, 528 p. — 25,00 €.