Olivier Peru & Pierre-Denis Goux, Les Maîtres Inquisiteurs t.1 : “Obeyron”

Faire régner la jus­tice n’est pas sans dangers !

Après Elfes, les Édi­tions Soleil pro­posent, avec Les Maîtres inqui­si­teurs, une nou­velle série d’Heroic fan­tasy en six albums. Chaque album déroule une enquête menée par un duo de pro­ta­go­nistes com­posé d’un inqui­si­teur et d’un Elfe. Le der­nier épi­sode réunira les dix enquê­teurs pour démas­quer l’ennemi com­mun à tous.
Pour l’heure, ce pre­mier tome met en scène Obey­ron et défi­nit le cadre où se situe l’action de la série. Une guerre de mille ans, appe­lée le Chaos, a ravagé les terres d’Oscitan. La paix reve­nue, les diri­geants veulent faire régner la jus­tice, une notion bien mal­trai­tée pen­dant les com­bats. Pour cela, les mages créent la caste des Maîtres inqui­si­teurs. Obey­ron est envoyé dans la Forêt des Sou­pirs, pour un demi-siècle, afin d’implanter ces nou­velles lois dans un clan de sau­va­geons, sur un ter­ri­toire peu­plé de dra­gons.
Qua­rante ans plus tard, il réap­pa­raît à Ares, la cité des Maîtres inqui­si­teurs, alors que tout le monde le croyait mort. Il revient exi­ger jus­tice et ven­ger la mort d’I’Javen, l’elfe qui l’accompagnait. Pour com­men­cer, il s’attaque à Hen’Gonar, devenu com­man­dant de l’armée d’Ares, avec qui il avait eu maille à par­tir quelques décen­nies aupa­ra­vant. Il veut savoir pour­quoi on l’a envoyé aux Sou­pirs dans une mis­sion sui­cide et qui vou­lait sa peau. Hen’Gonar énu­mère alors tous ceux qu’Obeyron a muti­lés, humi­liés, vain­cus parmi les sol­dats, les diri­geants, les truands. De fait, il avait une foule d’ennemis et n’était sou­tenu que par un seul juge…

Ce pre­mier volet pré­sente un per­son­nage au carac­tère contrasté, un indi­vidu façonné par la guerre et qui en garde des séquelles comme le goût de la vio­lence et du com­bat. Cepen­dant, ancien mage, il veut une société plus juste, plus pure où règne la jus­tice. Les souf­frances endu­rées pen­dant la guerre lui laissent pen­ser que du chaos doit naître, émer­ger un monde plus har­mo­nieux. Mais cette intran­si­geance dérange. Tombé dans un piège, il est confronté à une situa­tion rela­ti­ve­ment inédite, per­mise par le jeu de la fic­tion, de l’héroic fan­tasy et de la magie qui l’habite : se mettre en chasse de son assas­sin.
À par­tir de l’univers crée par Jean-Luc Istin, Oli­vier Peru déve­loppe une his­toire intense peu­plée de per­son­nages tous aussi inté­res­sants les uns que les autres. Il alterne, avec équi­libre, les actions du pré­sent et les fla­sh­backs qui éclairent uti­le­ment le dérou­le­ment de l’intrigue, les moti­va­tions, les rai­sons qui poussent les héros.
Sur les pas d’un per­son­nage tor­turé, à la limite de la folie, le scé­na­riste pro­pose une intrigue pas­sion­nante à suivre. En effet, qu’a fait Obey­ron entre le début de sa mis­sion et sa réap­pa­ri­tion toni­truante ? Il remet en cause des équi­libres, des situa­tions arran­gées, des arran­ge­ments entre amis. Le des­sin de Pierre-Denis Goux, tant sur les décors que sur la typo­lo­gie des per­son­nages, est pré­cis, fouillé et créa­tif. Il pro­pose un tra­vail gra­phique remar­quable, sou­li­gné par une mise en pages à la fois clas­sique et ouverte, sou­te­nue par une mise en cou­leurs fort réus­sie de Digi­kore Studios.

Obey­ron est un pre­mier album qui fait attendre le sui­vant (Sas­maël) avec inté­rêt en espé­rant y trou­ver le même plai­sir de lecture.

Voir la bande annonce de l’album

serge per­raud

Oli­vier Peru (scé­na­rio), Pierre-Denis Goux (des­sin), Digi­kore Stu­dios (cou­leurs), Les Maîtres Inqui­si­teurs, t.1 : “Obey­ron”, Soleil, coll. “Heroic fan­tasy”, mars 2015, 56 p. – 14,95 €.

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