Adrien Goetz, La nouvelle vie d’Arsène Lupin

Un retour d’Arsène Lupin très réussi !

Les héros sont immor­tels. Même lorsque que leur créa­teur n’est plus, ils peuvent tou­jours vivre de nou­velles aven­tures ima­gi­nées dans des cadres dif­fé­rents par de nou­veaux auteurs. C’est ce que pro­pose Adrien Goetz, en fai­sant d’Arsène Lupin, un aven­tu­rier du XXIe siècle.
Paul Beau­tre­let, un jeune et brillant bio­lo­giste est à Stras­bourg où il a conquis un très large public en pré­sen­tant une thèse révo­lu­tion­naire depuis le grand amphi­théâtre du Conseil de l’Europe. Sur la place, devant la célèbre cathé­drale, il assiste à un for­mi­dable évé­ne­ment. Une immense bâche qui pro­té­geait le chan­tier de res­tau­ra­tion, se déchire et révèle le vol de toutes les sta­tues de la façade. Un homme s’approche de lui, l’appelle Isi­dore car : “Isi­dore Beau­tre­let, je pré­fère. J’y suis habi­tué.” Et il le charge d’annoncer, le soir, lors de l’interview télé­vi­sée qui fait suite à sa brillante pres­ta­tion, le retour d’Arsène Lupin.

Paul, avant cet échange stu­pé­fiant, avait remar­qué une belle femme brune. Il la retrouve devant l’horloge astro­no­mique. Elle l’aborde, se pré­sente comme José­phine et veut le recru­ter pour exploi­ter sa future décou­verte sur l’immortalité, à par­tir de molé­cules du miel. Com­mence alors, pour Paul/Isidore, sub­ju­gué par Lupin, une suite d’aventures où le gentleman-cambrioleur va le confron­ter à son tour de passe-passe sur la cathé­drale de Stras­bourg, à une panne géante de Face­book, à une mys­ti­fi­ca­tion autour de planches ori­gi­nales de bande des­si­née, à une intru­sion dans les Émi­rats, à l’invalidation des comptes de cam­pagne du nou­veau pré­sident de la Répu­blique…
En sept aven­tures, dont cha­cune porte le titre d’un roman ou d’une nou­velle célèbre de Mau­rice Leblanc, Adrien Goetz fait revivre Arsène Lupin. On retrouve toute l’inventivité des romans, la gouaille­rie du héros, son art du dégui­se­ment, son goût pour la publi­cité autour de ses exploits tout en res­tant dis­cret sur sa per­sonne. Les textes four­millent de trou­vailles dans l’esprit des aven­tures ima­gi­nées par Mau­rice Leblanc, mais avec des situa­tions et des per­son­nages d’aujourd’hui. Ainsi, l’auteur évoque les réseaux sociaux, la place prise par eux dans la vie quo­ti­dienne et s’interroge sur ce qui va en res­ter ; l’engouement récent des inves­tis­seurs d’art pour les planches de bande des­si­née. Il place le cadre de cer­taines aven­tures dans les Émi­rats, met à mal le nou­veau pré­sident avec des comptes de cam­pagne, enlève les scé­na­ristes de sa série de télé­vi­sion préférée…

Goetz iro­nise sur la der­nière chance de sur­vie du point-virgule grâce au “point d’ironie” des texto, se moque de Candy Crush Saga, ima­gine de pit­to­resques échanges avec, par exemple, le diri­geant d’une chaîne de grandes sur­faces, par ailleurs, grand ama­teur, au sens noble du terme, de bandes des­si­nées. Il reprend les tics nar­ra­tifs de Leblanc quand : “…que me raconta Arsène Lupin, le soir où il me demanda de deve­nir son bio­graphe et d’entamer l’écriture de ce livre.” On retrouve les prin­ci­paux per­son­nages ayant par­ti­cipé à l’épopée ini­tiale comme les incon­tour­nables Her­lock Sholmes et Wat­son, qu’il tourne en ridi­cule, José­phine Bal­samo, Gani­mard devenu Gani­ma­rion… et, bien sûr, un des­cen­dant d’Isidore Beau­tre­let.
En tant qu’expert en “lupi­ne­ries” et en obser­va­teur atten­tif de notre société, l’auteur se lâche et offre un fes­ti­val, un bou­quet final de feu d’artifice de traits d’humour et de satire, ne se pri­vant d’aucune liberté. Ces textes sont drôles, impré­gnés de cette désin­vol­ture appa­rente qui est la marque du per­son­nage. Adrien Goetz, expert éga­le­ment en œuvres d’art, glisse mille infor­ma­tions et anec­dotes sur celles-ci lorsqu’elles s’intègrent dans le cours de l’intrigue. Et bien que pou­vant regret­ter la mise entre paren­thèses des enquêtes de Péné­lope, on ne peut que se réjouir quand, en conclu­sion de la sep­tième affaire, l’inspecteur Gani­ma­rion trouve une carte d’Arsène Lupin por­tant la men­tion : à suivre.

Lire un extrait

serge per­raud

Adrien Goetz, La nou­velle vie d’Arsène Lupin, Gras­set, avril 2015, 234 p. – 18,50 €.

1 Comment

Filed under Chapeau bas, Romans

One Response to Adrien Goetz, La nouvelle vie d’Arsène Lupin

  1. CHYM

    Un livre de bobo pari­sien dont l’auteur s’enferme lui-même dans des concepts apprê­tés sor­tis d’une pen­sée pas­séiste non vision­naire. Bref , un non évè­ne­ment . Il y tel­le­ment mieux à lire pour se divertir.

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