Souvent, dans les séries, le héros éclipse par son aura et son omniprésence des personnages pourtant riches en potentialités. Aussi, quand des scénaristes se penchent sur ceux-ci, ils apportent des complémentarités intéressantes. C’est le cas, notamment, avec Thorgal qui croise le chemin de deux femmes remarquables : Louve, sa fille, et Kriss de Valnor, son ennemie. Yann imagine un parcours mouvementé pour la fillette qui possède le don de dialoguer avec les animaux.
Alors que Lundgen presse l’embarquement, qu’Aaricia se recueille sur la “tombe” de sa fille, un mystérieux individu introduit un objet dans les bagages du couple. Louve est toujours pourchassée par Raïssa, cette guerrière sauvage qui tient plus du loup que de la femme, manipulée par le mage Azzalepstön. Sans l’aide d’Avrenim, sa chouette morte dans l’épisode précédent, la fillette se sent perdue. Elle use, cependant, de toutes ses ressources pour se débarrasser de celle qui la traque. Parce que le vent a faibli, Lundgen s’en prend à Aaricia, l’accusant brutalement d’avoir trop tardé. Celle-ci découvre, dans les bagages le cristal de Fenzir volé à Louve. Elle comprend qu’il ment concernant le sort de sa fille et saute du bateau. Elle est secourue par un dauphin. Piégée, Raïssa est secourue par Skald, ce bûcheron muet aux pouvoirs de guérisseur. Mais en agissant ainsi, ce dernier ne condamne-t-il pas la fillette ?
Avec sa succession rapide de rebondissements, de manipulations, cet album possède une tonicité attractive et apporte une avancée conséquente dans le cours de l’intrigue. Ce tome continue, cependant, à générer de nouvelles interrogations comme, par exemple, la personnalité de Skald qui donne son titre à cet opus n° 5 sur les sept prévus avant de rejoindre la série mère. Ou avec le personnage de Louve, cette gamine décidée, au caractère trempé, qui veut retrouver son père et s’affranchir de nombre de contraintes. Avec les deux natures qui cohabitent en elle, qui prennent tour à tour le contrôle de la situation, Yann saisi l’occasion de dialogues fort humoristiques. Roman Surzhenko a repris, avec brio, le graphisme de Rosinski. Toutefois, il laisse son propre style reprendre le dessus, allant vers un dessin plus académique, moins flamboyant, mais efficace.
Skald, ce nouvel opus conforte une bien belle série, aussi attractive que la série originale.
serge perraud
Yann (scénario), Roman Surzhenko (dessin et couleurs), Les Mondes de Thorgal – Louve, tome 5 : “Skald ”, Le Lombard, janvier 2015, 48 p. – 12,00 €.