Une superbe relation de l’Antiquité
Rares sont les bandes dessinées relatives à l’Antiquité, retraçant le parcours et l’histoire de communautés ayant forgé le berceau de l’humanité. En plaçant leur intrigue au cœur de l’Asie Mineure, au 9e siècle avant J.-C., les scénaristes nous invitent sur les pas de peuplades peu connues, voire oubliées. Un voyage passionnant servi par une intrigue relevée.
La Horde des Vivants, qui regroupe les clans des Sarmates, des Callipides et des Cimmériens, s’est reconstituée pour faire face au danger que représente la soif de conquête de la reine hittite. Pour suivre les événements, le roi de Babylone a envoyé Thusia, sa scribe préférée. Mais, celle-ci semble chargée d’une mission autre que l’observation des événements.
Mestor, un des sorciers atlantes, a été assassiné. Nosia, une jeune Sarmate, proche de la reine Simissée, est accusée. Pour sauvegarder l’unité de la Horde, sous la pression du roi des Cimmériens, la reine accepte de sacrifier sa jeune suivante.
Les Hittites veulent anéantir la Horde. Un général peaufine un piège en voulant prendre la ville de Ziwiyé. Les Kourganes s’allient à eux. La mort de Nosia suscite un sentiment d’injustice dans l’entourage de Simissée. La révolte gronde. Aussi, quand Evon, son esclave favori, est retrouvé assassiné, elle accuse le roi des Cimmériens. Ils en viennent aux armes. Mais les messagers de Ziwiyé arrivent pour demander de l’aide. La Horde toute entière se lance au secours des assiégés…
Mêlant civilisations antiques authentiques et fantastique, en introduisant cinq vieillards atlantes ayant survécu à la destruction de leur continent, les auteurs construisent un récit en tension. Ils installent nombre d’éléments d’intrigue avec le mystérieux assassinat du sorcier, le sentiment d’injustice à la cour de la reine, le rôle indéfini de la belle scribe qui semble fort intéressée par le dressage des animaux de combat, l’attitude ambiguë du roi cimmérien, la prédiction qui annonce la fin d’une puissance destructrice…
Ils mettent en avant la puissance d’une alliance, mais aussi sa fragilité quand il faut faire face à des événements où des forces maléfiques. Ils illustrent fort bien les luttes intestines au sein des alliances où chacun se pousse pour être l’élément dominant.
François Miville-Deschênes assure un graphisme d’un réalisme saisissant. Il restitue des décors splendides et offre des planches de combats d’un grand dynamisme où il réunit hommes, animaux dressés au combat et machines de guerre. Depuis sa série Millénaire (Les Humanoïdes Associés), son coup de crayon s’est encore affirmé et il nous offre une galerie de portraits de grande classe. Il a quitté le monde médiéval, le poids de la religion, pour un pays de soleil où les corps se révèlent. Et l’auteur ne s’en prive pas !
Avec Le piège hittite, l’intrigue prend son envol et se révèle passionnante tant par le contenu du récit que par la mise en images flamboyante.
serge perraud
Sylvain Runberg (scénario), François Miville-Deschênes (scénario, dessin et couleurs), Reconquêtes Tome 2 : “Le piège hittite”, Le Lombard, juin 2014, 56 p. – 14,45 €.