Paul Kessler est en retraite de la Police criminelle de Lyon. Il s’est retiré à Néoules, en Provence, dans la maison de ses parents décédés. Il a perdu son fils et son ex-épouse s’est suicidée peu après. Il passe pour être mélancolique auprès des gens du village. L ‘ex-commandant boit un jus de tomate sur la terrasse du bistrot quand le patron sent une odeur de brûlé. Ils aperçoivent un feu violent à proximité de la maison de Paul. Impuissant, il assiste à la destruction de toute une partie de son existence.
Le commandant de gendarmerie de la ville voisine lui révèle que l’incendie était volontaire. Un jerrican abandonné permet d’identifier très rapidement le coupable. Il s’agit de Laurence Dumas. Il se souvient de cette affaire qui remonte à dix ans. Sa fille, Margaux, avait été retrouvée à proximité d’une déchetterie de la région lyonnaise, ayant subi des violences sexuelles et le corps criblé de coups. Très vite, un suspect est identifié. Julien Maubert, l’ex-petit ami de Margaux avoue le crime. Il est condamné, emprisonné.
C’est en prison que Paul rencontre cette dame qui l’accuse d’être le seul coupable. Julien, selon elle, est innocent. Et il a été tué dans les douches de l’établissement pénitentiaire. Ébranlé par son erreur Paul va reprendre la piste, mais une piste froide qui…
On retrouve Paul Kessler qui avait déjà, en tant d’enquêteur libre, œuvré dans L’Aigle noir (Fleuve noir — 2022) Cet ex-commandant de la Police judiciaire lyonnaise accumule les pertes des êtres chers. Si, lors de sa première apparition, il enquêtait à la demande d’un tiers, cette fois-ci, il est directement impliqué dans l’affaire. On l’accuse d’avoir commis une erreur judiciaire, d’avoir envoyé un innocent en prison où il a été assassiné.
Il va retrouver l’univers de la police où il a œuvré, tout en restant à l’écart car les flics ne voient pas d’un bon œil l’intrusion de cet individu qui a eu des responsabilités dans leur monde. Certes, il fut l’un des leurs, mais aujourd’hui, il n’a plus de légitimité. Cependant, certains apprécient l’aide qu’il peut apporter.
Le romancier construit une intrigue où le passé pèse lourd sur le présent, où les liens entre des individus se sont distendus ou resserrés. Et les morts s’accumulent, des cadavres refont surface alors qu’en leur temps ils n’avaient pas été liés à l’affaire. Les pistes sont nombreuses et les impasses sont légion. Les enquêteurs se retrouvent face à un écheveau dont il est difficile de trouver le fil principal pour arriver à cerner la vérité.
La conclusion est assez inattendue, d’une belle complexité pour faire mesurer tous les détails négligés, ignorés à la lecture. Or cette chute laisse espérer un retour bienvenu de cet enquêteur dans d’autres affaires.
serge perraud
Jacques Saussey, Le seul coupable, fleuve Éditions, coll. “Policier & thriller, Roman policier”, octobre 2024, 432 p. — 21,90 €.