Unissant des protagonistes, des entités, des êtres issus d’aventures précédentes, intégrant des concepts de science-fiction et des données actuelles, mais qui relevaient du fantastique dans les années1970, les scénaristes concoctent une fameuse intrigue.
Spirou reprend ses esprits avec une grosse bosse sur la tête. Il ne comprend pas où il se trouve, légèrement déboussolé en voyant les appareils qui l’entourent. Le numéro spécial d’un magazine montre en couverture l’Atomium et parle de l’Exposition universelle de Bruxelles. Il est chez Herbert d’Oups où se trouvent le Comte, Fantasio, le Marsupilami… Il est dans le passé, en 1958. Il se réveille dans son aventure Spirou et les hommes-bulles et Fantasio lui explique que M. d’Oups n’a rien à voir avec le mystère du Cap Rose. Mais le héros conserve les informations du futur et lorsqu’il évoque la participation au centenaire des Éditions Dupuis, Fantasio lui rappelle que celle-ci ont été créés il y a seulement… trente-six ans.
Quelques mois plus tard alors que les deux héros se délassent dans une fête foraine, un Fantasio torse nu appelle Spirou. C’est le Fantasio, prisonnier dans une bulle, qui a pu se matérialiser. S’engage alors une course contre la montre entre Seccotine, œuvrant dans le présent, pour contrer l’IA qui gère la ville de Korallion, cette cité sous-marine. Mais intervient une vieille ennemie de Spirou en la personne de Cyanure, ce robot qui…
En prenant comme éléments de base les données de l’album Spirou et les hommes-bulles, paru en 1964, scénarisé et dessiné par l’immense Franquin, les scénaristes associent plusieurs facteurs d’autres albums comme Cyanure, le robot d’un tome paru en 1985, époque où des premiers PC stockaient encore les fichiers sur des disquettes 5’’ ¼. Assemblant ainsi des morceaux d’aventures, les auteurs réussissent le tour de force de proposer une histoire cohérente, en acceptant toutefois certains concepts.
Cette suite est particulièrement mouvementée. Les actions toniques, les menaces, les dangers sont légions. Lors d’un grand rassemblement, les auteurs font apparaître des personnages emblématiques des éditions Dupuis comme Tif et Tondu, Gaston…
Mais avec cette histoire, le scénario livre une belle illustration de ce que l’on pouvait imaginer être le futur depuis les années 1960 en projetant les connaissances scientifiques en l’an 2020. Cela n’avait rien à voir !
La mise en images résulte du travail d’Olivier Schwartz pour le dessin et d’Alex Doucet pour la couleur. Ils retrouvent les traits essentiels des personnages selon les époques et adaptent la mise en couleurs selon la période. Une belle réussite graphique.
Avec cet album, les auteurs livrent une aventure palpitante prouvant que les «vieux » héros peuvent encore étonner de belle manière.
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serge perraud
Sophie Guerrive & Benjamin Abitan (scénario), Olivier Schwartz (dessin), Alex Doucet (couleur), Les aventures de Spirou et Fantasio — t.57 : La Mémoire du futur, Dupuis, coll. “Tous Publics”, octobre 2024, 64 p. — 12,50 €.