On retrouve, dans ce roman, les héroïnes de La Fille-Renard, paru en février 2024 chez le présent éditeur, dans la même collection. L’action se déroule sur une île au large de la côte Est de la Suède.
Trois ans se sont écoulés et Sanna Berling vient de reprendre le travail dans un petit poste de police sans prétention. C’est à la dispersion des cendres du commissaire Eriksson, dit Le Chêne, avec qui elle a longtemps enquêté, qu’elle retrouve Eir Pedersen et Fabian, son compagnon, un légiste. Elle retrouve aussi Alice une jeune analyste très performante. Alors que la cérémonie se termine, Sanna reçoit un appel de son collègue. Des jeunes filles ont aperçu un homme nu dans la forêt.
Lorsqu’elle arrive sur les lieux, elle trouve, parmi des adolescentes, Nina au comportement rebelle. Elle est déboussolée car l’homme est son frère aîné. Mais, il ne l’a pas reconnue tant il est mal. Sanna le découvre dans les ruines d’une ferme abandonnée. Il presse un chiffon sur son ventre, il est couvert d’ecchymoses. Avant de trépasser, il balbutie un mot, “La fille” croit-elle comprendre.
C’est un coup de poignard qui a entraîné le décès. L’enquête est confiée, par le nouveau commissaire, à Eir, Sanna ne voulant pas intégrer l’équipe mais seulement la faire bénéficier des indices qu’elle pourrait découvrir. Peu à peu, se dévoilent des réseaux occultes se livrant à des actes illégaux, allant jusqu’au crime. Mais les implications des deux policières les amènent à se mettre en grand danger car…
Le cadre qui sert de terrain d’enquête reste cette île où se sont déroulés les événements dramatiques relatés dans le précédent roman. Les deux héroïnes souffrent encore des séquelles psychologiques découlant de l’affaire. Sanna reçoit, irrégulièrement, des appels où elle identifie des bruits pour tenter de localiser son correspondant, le criminel qui lui a échappé. La romancière détaille avec précision les émotions, les sentiments ressentis, le quotidien de ces deux femmes, leurs rencontres, les rapports avec leur environnement, les contacts qu’elles peuvent avoir et, bien sûr, les avancées dans l’enquête.
Sanna s’occupe beaucoup de Sixten, un chien qui tient une place importante dans sa vie. Une place similaire à ce que le lecteur peut constater autour de lui, voire vivre parce qu’il est lui-même propriétaire d’un animal de compagnie ou de voir ses proches habitant chez leur chat ou chez leur chien. Les deux enquêtrices se retrouvent confrontées, dans ce milieu clos qu’est cette île, avec des situations bien difficiles dues, entre autres, avec la proximité des gens, le fait de les côtoyer et de les fréquenter dans d’autres décors.
Les personnages sont construits avec soin et bien mis en scène. L’auteure évoque les réactions chimiques du corps au moment du trépas alors que le cerveau baigne dans les neurotransmetteurs. Ce sont alors des visions, la fameuse lumière au bout d’un tunnel ou, à l’inverse, une peur extrême.
Autour de ce duo de policières attachantes, la romancière décline une intrigue captivante ouvrant sur l’éternelle question des personnalités multiples, ces Docteur Jekyll et M. Hyde.
serge perraud
Maria Gründ, Le diable danse encore (Dödsdansen), traduit du suédois par Cécilia Klintebäck, Éditions Robert Laffont, coll. “La Bête Noire”, septembre 2024, 464 p. — 22,00 €.