Dans l’univers tourmenté d’adolescents…
Céleste reprend du service après trois ans de mise à pied suite à la précédente affaire où elle a dû aller au pire pour survivre. Elle passe alors de la BRI à la PJ de Nantes. C’est donc avec Marie son épouse et leurs deux filles qu’elles ont déménagé. L’arrivée au commissariat de Nantes est difficile mais très vite une nouvelle enquête ardue mobilise l’équipe.
Le récit s’articule autour d’une figure locale, un joueur de football prometteur qui est retrouvé noyé, encastré dans l’écluse d’un canal de la Loire. Et l’estuaire du fleuve, qui sert de décor, devient un personnage, jouant un rôle avec les activités spécifiques qui se sont développées, pour les déplacements des enquêteurs…
C’est entre le dimanche 23 et le lundi 24 octobre que l’affaire débute quand Amélia Koperra, qui est privée de sortie pour avoir enfreint la règle du dépôt des téléphones pour la nuit, fouille dans les affaires de sa mère et découvre une lettre qui l’interpelle.
Un pêcheur, de son bateau, remarque quelque chose, comme un corps coincé. Céleste Ibarbengoetxea, communément appelée Ibar, commandante de police attachée au commissariat de Nantes, se rend sur les lieux avec le lieutenant Ithri Miksen. Il s’agit bien d’un cadavre. Lorsque le légiste le retourne, le visage est hideux, comme épluché. Il est vite identifié comme Augustin Koperra, un adolescent, un espoir du foot promis à une belle carrière sportive.
Parallèlement, un scandale secoue la petite communauté des lycéens quand des photos montrant Olivia, la petite amie d’Augustin, dénudée, circulent sur Internet.
Borys, le grand-père d’Amelia voit, au petit matin, le visage bouleversé de sa petite-fille. Elle le rassure, arguant des soucis féminins.
Commence alors une enquête difficile où les faits sont déformés, le silence est d’or, les éléments que les enquêteurs peuvent recueillir sont contradictoires. Et plus les deux limiers progressent, plus des pistes s’ouvrent vers de nouvelles probabilités jusqu’à un dénouement impressionnant au possible.
L’auteure fait entrer dans l’univers des adolescents des rapports qu’ils entretiennent entre eux, les amours naissants et les ravages que peuvent causer des réseaux dits sociaux omniprésents dans cette catégorie de population. Ce sont aussi les sentiments exprimés, les rapports familiaux plus ou moins conflictuels, plus ou moins violents.
Elle met en scène nombre de problématiques sociétales, les différences de niveaux sociaux et donne nombre d’indications passionnantes comme, par exemple, le mécanisme de la noyade qui peut frapper même un bon nageur, l’automutilation, la scarification et leurs significations profondes. Dans le cours du récit, un personnage lit le nouveau roman de Cécile Cabanac.
Avec ce nouveau roman, Céline de Roany fait entrer son lecteur au cœur des tourments d’un âge difficile tout en développant une intrigue tout en subtilité mais sans occulter une violence latente de l’être humain.
serge perraud
Céline de Roany, À corps perdus, Les Presses de la Cité, mai 2024, 496 p. — 22,90 €.