Dans son nouveau roman, Frasse Mikardsson mêle deux domaines qui ne sont pas particulièrement proches l’un de l’autre, la médecine légale et le breakdance qui fait son entrée dans les épreuves des JO de Paris 2024.
Praticien et fin connaisseur de cette science, le romancier fait découvrir mille et une facettes de cette médecine. Il donne des méthodes d’investigations de ces dépouilles, souvent en bien mauvais état, pour connaître les causes du décès, l’identité du défunt. Plaçant son récit au cœur de l’été parisien, c’est surtout la chaleur qui est la cause de la détérioration des corps. Il détaille certains modes d’investigation et les rapports avec les membres de la police, de la justice. Il explicite des procédures mises en œuvre, la façon dont les différents intervenants tentent de se coordonner.
Parallèlement, il apporte un éclairage sur le breakdance, discipline qui entre pour la première fois aux JO. Mais il détaille le Toprock, une variante pratiquée par des personnages. Si le sujet du livre n’a rien de très drôle avec ces pratiques d’autopsie, l’auteur introduit cependant, une belle dose d’humour, un humour cocasse, voire potache, mais aussi acerbe et cinglant, quand, par exemple, il fait dire : “Pardon, je travaille dans la fonction publique. Je ne me trompe jamais !“
Mais, ne jette-t-il pas un regard ironique sur lui-même ou sur des confrères quand il fait remarquer par Katia que : “…les médecins sont en règle générale ingérables, et les légistes sont les pires d’entre eux.”
Parce que son époux et ses deux filles n’en peuvent plus de la suivre sur tous les terrains où le CICR (Comité International de la Croix Rouge) l’envoie, en tant qu’anthropologue, identifier les victimes de massacres, Katia Legrand accepte le poste de directrice de l’Institut médico-légal de Paris.
Le 26 juillet 2024, vers 21 heures, Jean-Michel, directeur adjoint de l’Institut, discute avec Marie-Agnès, agent d’accueil de l’établissement, en attendant le défilé inaugural des JO. Elle évoque l’altercation entre lui et Katia au sujet de feue madame X, cadavre trouvé dans l’appartement d’Huguette Savary. Celui-ci a estimé en savoir assez pour certifier l’identité même si le corps est en mauvais état et malgré le passage d’un jeune homme assurant que ce n’était pas elle. Il ne l’a pas cru compte-tenu de son look et ses pupilles très dilatées.
Quand Huguette Savary veut rentrer de son séjour prolongé chez sa fille à La Réunion, elle découvre, aux douanes, qu’elle est morte. C’est alors le saisissement dans les milieux chargés de cette affaire quand elle se présente le lendemain de son retour. Le policier chargé des premières constatations a fait preuve de légèreté. C’est la pugnacité d’une de ses collègues pour entrer dans la véritable enquête car les cadavres de personnes, en lien avec le breakdance, se multiplient.
Le romancier construit, pour faire vivre son récit, une galerie très éclectique de protagonistes, tous étant façonnés de belle manière. Il fait d’Huguette, qui a décidé de vivre selon ses envies, une dame qui fréquente des lieux inhabituels pour des personnes de son âge. Katia est superbe avec sa conception de sa mission et son art de l’identification. Elle a une amie et collègue, Bettina Reichenauer, qui travaille avec le même esprit. Son adjoint est désabusé, enclin à aller au plus vite, au plus simple. Un jeune procureur voit dans cette affaire une belle occasion de briller et une policière pugnace veut éclaircir ces crimes mystérieux.
Breakdance meurtrier se lit avec empressement tant la présentation et le déroulement du récit intrigue. Une superbe enquête dans des cadres que Frasse Mikardsson éclaire de belle manière.
serge perraud
Frasse Mikardsson, Breakdance meurtrier, Éditions de l’aube, coll. “Aube Noire”, avril 2024, 360 p. — 21,90 €.