Pour tout comprendre du futur climatique
À Toulouse, Iris entend dans le bus un homme se mobiliser pour la défense du climat. En arrivant sur son lieu de travail, elle est sollicitée pour assister à une conférence sur l’impact du changement sur les régions côtières. Chercheuse en sciences de l’atmosphère, elle constate que le sujet est presque sur toutes les lèvres mais que les sources d’informations sont nombreuses, si nombreuses qu’il est difficile de cerner les plus fiables.
Aujourd’hui, c’est plus de 40 000 publications scientifiques sur le sujet qui paraissent par an. Il reste le lourd rapport annuel du GIEC — Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat — organisation créée en 1988. À l’international on parle de l’IPCC — Intergovernmental Panel on Climate Change. La principale mission de ces scientifiques est de se partager la lecture de toutes les études, de les synthétiser sans aucun parti pris.
Iris relate sa rencontre avec Xavier, un dessinateur, et ils cherchent comment se documenter sur ce groupement. Une conférence leur donne l’occasion de franchir un premier pas grâce à Valérie Masson-Delmotte. Cette paléoclimatologie directrice de recherches au CEA — Centre d’Études Atomiques — a été co-présidente du GIEC de 2015 à 2023. C’est elle qui présente l’historique du groupement, les objectifs poursuivis, le fonctionnement, la manière de travailler des scientifiques qui participent aux travaux.
On s’aperçoit que, compte tenu de la façon dont les rapports sont établis, il y a peu de place pour l’erreur. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et chacun, dans sa spécialité, pointe les problèmes, les dangers à court terme si des solutions ne sont pas apportées, si des stratégies d’évolution proposées restent lettres mortes.
Trois grands axes de travaux : la compréhension du changement climatique, les risques et comment s’y adapter, l’étude des solutions pour atténuer les dommages. Outre Mme Masson-Delmotte, sont interviewés Christophe Cassou (Climatologue), Roland Séférian (Chercheur de Météo-France) Hervé Douville du Centre National de recherches météorologiques, Wolfgang Cramer (Géographe), Virginie Duvat (Professeure de géographie côtière), Céline Guivarch (Économiste), Henri Waisman (Docteur de l’École des hautes études en sciences sociales), Jean Jouzel (Directeur de recherches émérite au CEA).
Si les propos sont scientifiques, leur présentation est plaisante, didactique, facilement abordable et teintés de remarques humoristiques lorsque l’abord s’y prête.
Les présentations sont très variées car le scénario se plie fort bien à un récit d’enquête. Si la première rencontre se fait dans un forum, un chercheur est vu chez lui, sur sa terrasse. Les auteurs proposent des dialogues percutants, enlevés, empreints d’humour entre les rencontres par des échanges entre scénariste et dessinateur.
Tous les aspects faisant l’objet d’études sont abordés comme les océans et plus généralement l’eau, l’eau potable, la Terre dans toutes ses variétés, les animaux, qu’ils soient terrestres, marins… Avec ces rencontres c’est une véritable synthèse des derniers rapports du GIEC. Le ton est positif et propose des solutions accessibles et réalisables.
Le dessin dynamique de Xavier Henrion met en valeur toutes ces données. Si certains personnages secondaires restent quelque peu caricaturaux, il faut saluer la performance pour la ressemblance de tous les intervenants.
Iris-Amata Dion et Xavier Henrion livrent un véritable travail de vulgarisation scientifique dans un ouvrage remarquable par sa structure et ses intervenants. Ils permettent une réflexion individuelle, un apprentissage et une prise de conscience. Cet album est d’une lecture très accessible, à mettre entre toutes les mains pour s’informer, comprendre et agir
serge perraud
Iris-Amata Dion (scénario) & Xavier Henrion (dessin et mise en couleurs), Horizons climatiques — Rencontre avec 9 scientifiques du GIEC, Glénat, mars 2024, 320 p. — 25,00 €.