Alex Chauvel & Ludovic Rio, Les Murailles invisibles — Tome 2

Un voyage dans le temps original !

Subi­te­ment, des murailles invi­sibles se sont éri­gées, seg­men­tant la terre en de mul­tiples zones aux évo­lu­tions bien dif­fé­rentes. Elles sont infran­chis­sables, sauf avec la tech­no­lo­gie déve­lop­pée dans la ville de Nor­toc. Trois siècles après le cata­clysme, Aspha­nie, experte en muro­lo­gie, est char­gée de mener une expé­di­tion pour décou­vrir la source d’ondes mys­té­rieuses qui courent le long des murailles depuis peu.
Lino, un homme du XXIe siècle, a sur­vécu mais se trouve en grande dif­fi­culté après trois mois de misère. Alors qu’il est à terre, ter­rassé par son agres­seur, il est sauvé par Aspha­nie et son équipe. Séduite par sa connais­sance des temps anciens, trois siècles pour elle, elle l’intègre dans le groupe avec la fonc­tion de géo­graphe. Mais leur pro­gres­sion est sans cesse mena­cée par des dan­gers natu­rels, par des groupes d’humains.

Pour échap­per à des mutants, le groupe mené par Prion, qui s’est emparé d’un masque conçu à Nes­toc pour repé­rer les pas­sages, quitte la zone où se trouve Aspha­nie et se réfu­gie dans la sec­tion dite des Lacs. Il s’installe dans la mai­son d’une vieille femme. La troupe d’Asphanie, pour échap­per aux mutants, se retrouve dans des sou­ter­rains enva­his par l’eau. Elle pro­gresse pru­dem­ment jusqu’au moment où Lino repère un quai. Il éclaire une ins­crip­tion : Châ­te­let.
Sor­tant des cou­loirs du métro, ils retrouvent le groupe de Prion dont les membres se battent. Ils doivent, pour conti­nuer à pro­gres­ser, les éliminer…

La concep­tion de ce nou­veau monde est attrayante car elle renou­velle avec ori­gi­na­lité le thème très clas­sique du voyage dans le temps. Les évo­lu­tions bien dif­fé­rentes entre les zones offrent au scé­na­riste la pos­si­bi­lité de créer des tem­po­ra­li­tés dis­cor­dantes, un élé­ment sup­plé­men­taire pour accroître les obs­tacles dans la recherche des ori­gines de ce cata­clysme.
C’est aussi la pos­si­bi­lité de mon­trer les évo­lu­tions diverses et variées de groupes humains quand il faut recons­truire une orga­ni­sa­tion, une vie sociale, un lan­gage. C’est l’illustration de régres­sions de toutes natures, un retour à un stade primitif…L’auteur donne ainsi, à tra­vers le périple, une variété de situa­tions, ne lais­sant pas la ten­sion bais­ser entre les divers dan­gers, pièges, l’obligation de faire face à un retour à la sauvagerie.

Avec Lino, Alex Chau­vel livre de nom­breuses réflexions. Il inter­pelle, par exemple, sur le conti­nuum de l’humanité. Notre société actuelle n’est qu’une étape vers une suite indé­fi­nie, impro­bable compte tenu des dégâts com­mis par les humains. Il cite, entre autres, les guerres, l’évolution cli­ma­tique bien sûr, la des­truc­tion des cultures tant végé­tales que sociales, les extinc­tions de races…
Il mène une belle recherche sur l’évolution des lan­gages avec des rac­cour­cis, des mots scin­dés, des ajouts de consonnes, d’argot qui donnent un carac­tère par­ti­cu­lier à cer­tains dialogues.

Le gra­phisme de Ludo­vic Rio, des­sin et cou­leur, est effi­cace avec un mini­mum de traits, lais­sant la cou­leur infor­ma­ti­sée don­ner les ombres et la pro­fon­deur. Une belle illus­tra­tion de la page de garde décrit le par­cours de l’expédition à tra­vers dix-huit zones.
Ce second tome du dip­tyque — bien que le dénoue­ment ouvert laisse une belle place pour une suite — est attrayant à tous points de vue.

serge per­raud

Alex Chau­vel (scé­na­rio) & Ludo­vic Rio (des­sin et cou­leur), Les Murailles invi­sibles — Tome 2, Dar­gaud, coll. “Visions du Futur”, février 2024, 92 p. — 17,00 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>