Le dernier volet de la trilogie des ex
Avec Zoé Carrington, Jim propose le dernier volet de sa trilogie des ex après Une nuit à Rome et Héléna. Le thème principal s’appuie sur le retour d’une ex, une femme ayant énormément compté dans la vie du héros.
Simon se souvient de ses années d’études à Londres, de tout ce qu’il a ingurgité qui pouvait mettre la tête à l’envers, de la collection de bières englouties et d’Elle. C’est un phénomène d’un mètre soixante prénommée Zoé, que ni JP, ni Rotthenberg ni lui ne peuvent effacer. Il a vécu avec elle sept, peut-être dix jours, mais des journées et des nuits inoubliables.
Simon est à Nogent-sur-Marne, en route pour déjeuner chez sa mère, lorsqu’il voit une prostituée noire sur un trottoir. Il s’arrête et lui offre de venir avec lui en se faisant passer pour la femme de sa vie. C’est lorsqu’ils sont à table que Simon reçoit un appel téléphonique de Rotthenberg qui lui anone avoir reçu, dans des conditions funambulesques, une invitation de Zoé. Elle va l’appeler. C’est ce qu’elle fait pour lui demander de venir fêter les trente ans de Léo, dans son manoir. Et les souvenirs affluent, les retrouvailles aussi jusqu’au moment où…
Ce volet n’aurait jamais dû voir le jour en album car, il y a quelques années, le scénario devait être celui d’un film. Mais comme bien souvent dans le cinéma, le projet n’a pas abouti. Le texte restait incomplet, le dénouement étant à peaufiner. De plus, cet écrit rédigé à une époque ne convenait guère à un romancier plus âgé. C’est à l’insistance des responsables de Bamboo que les lecteurs doivent cette édition, un troisième volet avec une héroïne flamboyante, une de ces femmes fortes que Jim sait si bien mettre en scène.
Avec Zoé, il présente une boule d’énergie vivant sa vie comme elle l’entend, avec fougue et imposant ses choix. Par contre, les hommes restent en retrait, ne maîtrisant pas grand-chose sinon des regrets, une nostalgie qui imprègne leur existence. De plus, dans cette histoire, les ambitions sont revues à la baisse et si les trois garçons se voyaient comme des maîtres de la finance, à l’issue de leurs études, ils ont déchanté.
Le dessin est assuré par Jim avec l’aide de Rémi Torregrossa pour les décors. Delphine assure sa mise en couleurs qui fait merveille dans tous les albums où elle s’implique. Le dessin de Jim se fait plus épuré, donnant vie à des visages, à des corps, avec une économie de traits tout en conservant une belle expressivité.
Cette première partie du diptyque est fascinante pour la virtuosité à mettre en scène un groupe de protagonistes aux profils divers et variés mais composés avec minutie, dans une ambiance à la fois festive et mélancolique, servie par un graphisme remarquable.
serge perraud
Jim, Zoé Carrington — Vol.1, Bamboo, label “Grand Angle”, janvier 2024, 96 p. — 18,90 €.