© Simon Gosselin
Hamlet en précarité
Pendant que le public s’installe, la scène est ouverte sur un intérieur contemporain. Lorsque le spectacle commence, surgit une forêt projetée au premier plan, plongeant le plateau dans une pénombre qui rend les images qui se meuvent derrière les arbres incertaines. La scène est en surimpression, laissant se côtoyer de présumés fantômes avec des personnages aux allures futiles se congratulant dans une ambiance festive. Tout à coup, ce décorum disparaît, montrant Hamlet esseulé(e) qui entonne son monologue, cherchant à décrire l’ordre dans lequel sa situation l’inscrit, sans y parvenir.
Si la trame du propos est de Shakespeare, la narration change de tonalité, dans la mesure où les femmes, Ophélie et Gertrude, jouent un rôle important : l’intrigue épurée gagne en intelligibilité mais de nombreuses répliques semblent demeurer incongrues.
La relecture de Christiane Jatahy est un exercice de style qui laisse Hamlet démuni(e) se démener dans les affres de ses tourments : généreux(se), engagé(e), élancé(e) dans ses imprécations salutaires, mais privé(e) de la résonance métaphysique de la pièce, dont le registre apparaît alors purement humain, pour ne pas dire psychologique.
Emouvant(e) mais dépossédé(e) de tous moyens face aux événements qui se succèdent, Hamlet paraît finalement trop lisse : l’adolescent(e) rebelle vigoureux(se) qui était initialement incarné(e) devient une conscience mélancolique livrée à la tristesse de son sort irrépressible.
En dépit de la sympathie qu’on éprouve pour cette adaptation originale et audacieuse, il faut reconnaître que l’intensité du spectacle semble s’amenuir progressivement.
christophe giolito
Hamlet
d’après William Shakespeare
un spectacle de Christiane Jatahy
Avec Isabel Abreu, Tom Adjibi, Servane Ducorps, Clotilde Hesme, David Houri, Tonan Quito, Matthieu Sampeur.
Mise en scène, adaptation, scénographie Christiane Jatahy ; traduction Dorothée Zumstein ; collaboration artistique, scénographie, lumière Thomas Walgrave ; direction de la photographie, caméra Paulo Camacho ; costumes Fauve Ryckebusch ; système vidéo Julio Parente ; musique originale Vitor Araujo ; conception son Pedro Vituri ; collaboration pour le développement, technique du décor Marcelo Lipiani ; conseil dramaturgique Márcia Tiburi, Christophe Triau ; directeur de production et diffusion de la compagnie Vértice Henrique Mariano ; assistante à la mise en scène Laurence Kelepikis ; assistante aux costumes Delphine Capossela ; stagiaire à la mise en scène Maëlle Puéchoultres ; stagiaire à la scénographie et à la lumière Kes Bakker ; administratrice de la compagnie Claudia Petagna ; réalisation du décor Atelier de construction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe et l’équipe technique de l’Odéon-Théâtre de l’Europe.
Au théâtre de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Place de l’Odéon 75006 Paris,
Du 5 mars au 14 avril 2024, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h.
Durée 2h. en français, avec quelques passages en portugais surtitré — durée 2h
Représentations surtitrées en anglais les 9, 16, 23, 30 mars et 6, 13 avril
Représentation surtitrée en français le 22 mars
Représentations avec audiodescription les jeudi 21 et dimanche 24 mars
Dans le film : participation de Loïc Corbery de la Comédie-Française (fantôme/Hamlet-père), Jérémy Lopez de la Comédie-Française (fossoyeur), Cédric Eeckhout (fossoyeur), Jorge Lorca (Laërte), Julie Duclos (présentatrice), et Kes Bakker, Fernanda Barth, Azelyne Cartigny, Léo Grimard, Jamsy, Martin Jodra, Laurence Kélépikis, Yannick Lingat, Yannick Morzelle, Océane Peillon, Claudia Petagna, Juliette Poissonnier, Maëlle Puéchoultres, Yara Qtaish, Alix Riemer, Andrea Romano, Gabriel Touzeli avec les voix enregistrées de Zakariya Gouran (Bernardo), Jauris Casanova (Francisco).
Créé le 5 mars 2024 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe ; production Odéon-Théâtre de l’Europe, en participation avec la Cie Vértice – Axis productions, coproduction Wiener Festwochen, Les Nuits de Fourvière – Festival international de la Métropole de Lyon, Holland Festival, Le Quartz – Scène nationale de Brest, La Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale, De Singel Anvers.
Ce spectacle bénéficie du soutien du Cercle de l’Odéon. La compagnie Vértice est soutenue par la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – ministère de la culture. Remerciements La Ferme du Buisson – scène nationale de Noisiel.
il demeure d’enverguRe moyenne … juste en deuxième ligne avant la fin de cet article …
bonjour,
correction mise en ligne
merci de votre lecture
cdlmt,
la redaction
Bonjour,
Votre article tombe à pic, merci pour celui-ci, votre site est sympa.
Vraiment …
Votre article est plus jouissif que le film
Votre article fait œuvre de salubrité publique par ces temps où plus que jamais les cuistres essayent de se faire passer pour des penseurs. Quant à la bêtise, “un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire”. C’est l’éternelle histoire de la paille et de la poutre. Merci et… encore !
J. R.
Grand Merci ! Vous nous éviter de perdre un temps précieux ! AMJ
Bonjour et merci de cette critique. Etant l’auteur de “Les animaux parlent”, je me permets d’informer d’éventuels lecteurs ou lectrices (permettez-moi de n’oublier personne… ) de l’existence d’un site web accompagnant le livre. Vous y trouverez quelques extraits (ainsi que des enregistrements, des films…) :
https://mathevon0.wixsite.com/website-2/phoquebarbu
https://mathevon0.wixsite.com/website-2/copie-de-croc
https://mathevon0.wixsite.com/website-2/extraits
Bon voyage sonore !
Nicolas Mathevon