A oublier

Poésie de l’immanence surfaite

Flora Bon­fanti née à Rio de Janeiro, après des études de lettres, d’art et de phi­lo­so­phie au Bré­sil et à Paris se forme au théâtre à Tel Aviv. De double natio­na­lité bré­si­lienne et ita­lienne, elle s’installe en France et déve­loppe un pro­jet lit­té­raire à la croi­sée de la poé­sie et de la pen­sée, de l’imaginaire et de la rhé­to­rique.

N
éan­moins, cette poé­sie de l’immanence reste sur­faite.
S’y retrouvent bien des accroches que connaissent les poètes rhé­teurs pour peu qu’ils soient d’astucieux faiseurs.

Cette Pro­li­fé­ra­tion veut rendre compte d’un “état désor­donné de l’esprit où les choses qui ne se valent pas coexistent”. C’est cer­tai­ne­ment ambi­tieux et ingé­nieux mais en découlent bon nombre de spé­cu­la­tions pour le moins hasar­deuses et qui ne mangent pas de pain.
Un théâtre de mots — sous pré­texte de pous­ser la vérité — cultive une suite d’effets. Par exemple : “quelle belle fable que l’amour ne puisse mou­rir d’une mort natu­relle”. C’est sans doute brillant.
Mais la poé­sie reste de l’ordre d’un spec­tacle poé­tique, pro­pose un cer­tain cinéma zen en des mani­gances de — et entre autres — pos­tures amoureuses.

L’intros­pec­tion devient un cabi­net de curio­sité où une forme de mys­ti­cisme à bon dos et aux épaules larges pour fécon­der par effet de gangues ramas­sées (d’ailleurs plu­tôt réus­sies) une série d’hypothèses dont l’intérêt demeure rela­tif .
L’orchestration est habile et par­fois le filtre de mémoire réus­sit — en une cer­taine séche­resse — une manière de sau­ver ce qui peut l’être même si, il faut bien le recon­naître, l’ensemble manque de profondeur.

La théâ­tra­lité d’un tel pro­pos phi­lo­so­phique ne pro­duit tou­te­fois pas grand chose sur le vivant même si l’ensemble reste d’une par­faite bien­séance poétique.

jean-paul gavard-perret

Flora Bon­fanti, Pro­li­fé­ra­tion, Unes, Nice , 2022, 72 p. — 16,00 €.

7 Responses to A oublier

  1. DO

    il demeure d’enverguRe moyenne … juste en deuxième ligne avant la fin de cet article …

  2. Myrtie

    Bon­jour,
    Votre article tombe à pic, merci pour celui-ci, votre site est sympa.

  3. Christiane Beaudoin

    Vrai­ment …
    Votre article est plus jouis­sif que le film

  4. Jacques Richard

    Votre article fait œuvre de salu­brité publique par ces temps où plus que jamais les cuistres essayent de se faire pas­ser pour des pen­seurs. Quant à la bêtise, “un sot trouve tou­jours un plus sot qui l’admire”. C’est l’éternelle his­toire de la paille et de la poutre. Merci et… encore !
    J. R.

  5. ANNE-MARIE JEANJEAN

    Grand Merci ! Vous nous évi­ter de perdre un temps pré­cieux ! AMJ

  6. Nicolas Mathevon

    Bon­jour et merci de cette cri­tique. Etant l’auteur de “Les ani­maux parlent”, je me per­mets d’informer d’éventuels lec­teurs ou lec­trices (permettez-moi de n’oublier per­sonne… ;-) ) de l’existence d’un site web accom­pa­gnant le livre. Vous y trou­ve­rez quelques extraits (ainsi que des enre­gis­tre­ments, des films…) :
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/phoquebarbu
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/copie-de-croc
    https://mathevon0.wixsite.com/website-2/extraits
    Bon voyage sonore !
    Nico­las Mathevon

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