Martial Rossignol et les effacements
Lorsque qu’il aborde le portrait de femme, Martial Rossignol quitte progressivement des principes les plus habituels de l’Imaginaire fractal. Théoriquement, il propose un voyage vers une décrue puisque des barrières viennent limiter l’apparition de la nudité Mais de fait, par de tels seuils, les femmes sont emballées comme des bonbons. Leur cellophane s’entrouvre ou les fait deviner par transparence.
L’apparente dissolution est un piège auquel s’ajoute parfois l’usage de la couleur. Les modèles, quel que soit leur âge, deviennent une consolation plus qu’une supplique. Du monde ne reste que leur visage ou leur buste qui souvent, dans la blancheur, semble tout dire voire plus puisque — selon Blanchot — “tout proférer c’est aussi proférer le silence”. C’est ce qui advient ici en des présences captivantes.
Centre et absence, lieu de concentration et d’abandon de la présence, l’image en sa musique du silence suggère une terre promise mais exempte a priori de toute possession. De tels portraits proposent néanmoins une révélation à partir de quoi tout pourrait recommencer.
Mais avant cet éventuel avènement, Martial Rossignol crée une extinction nécessaire à l’apparition d’une lumière inconnue et blanche au moment de l’absolu dénuement différé dans cet art du voile. Il suggère selon une naïveté feinte.
Ainsi l’image n’ajoute rien, n’élargit rien, mais agit autrement ; elle renvoie à l’affolement que produit la femme à mesure qu’elle sort de sa cachette.
jean-pau gavard-perret
Martial Rossignol, Julie au gré du vent, Chez l’auteur, 2023, 100 p.
Top Julie jolie au gré du talent de Martial et de l’article JPGP de tous les secrets