Appels d’affres et d’offres ou ce qui arrive
Richard Meier écrit ses effets de soi à travers les mots “collés” de tierces personnes — mais pas n’importe lesquelles. Leurs bouches parlent, comme l’indiquent les tracés noirs de l’auteur de même que ses signes de ponctuation. Et ce, comme s’il s’agissait de modérer certains propos empruntés à ses invités, locuteurs et interlocuteurs : Shakespeare, Aragon, Walter Benjamin.
La parole s’approche du silence ou du retrait — mais pour dire mieux et dans un certain esprit d’incertitude : celle propre à l’être conséquent et doté d’une élégance certaine. Les sautes d’esprit, dans ce jeu, permettent aux mots d’emprunts d’attraper jusqu’à l’inconscient par ces face-à-face dont l’auteur précise en haut de chaque page la raison ou le sujet : “sans elle”, “demain peut-être”, “aujourd’hui’, “Toi”, etc.
Le Leporello crée un “théâtre de mots”, du zéro vers l’infini (bien sûr provisoire) où tout est dit car, d’une certaine manière tout se cache par inter-postage. Richard Meier par un tel biais énonce et affirme ce qu’il en est d’être et de l’être. Il évite toute psychologisation et pathos par de telles prises de becs.
En cet écho des autres, l’un devient multiple mais, par ce multiple, le premier redevient lui-même. Le tout non sans humour et comme entre parenthèses sonores. Histoire de se et nous rappeler en toute courtoisie ce que penser veut dire là où la proposition du titre peut parfaitement s’inverser en un “vous me parlez”.
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Parlez-moi de vous, Editions Voix, Elme, Leporello, 2023.
“Les mots collés ” de Richard Meier parlent en vrai à JPGP qui transmet le Leporello à l’aune d’un artiste subtile .
tu as bien vu le trou de souris — interstice étroit du jeu de parleznous de vous — c’est comme une non écoute aussi, en seul théatre intérieur — es-ce grace docteur !
merci Jean-Paul
Addenda . Fort subtil Monsieur Meier . Nous vous apprécions beaucoup .