Dans une triangulation ou plutôt un trio infernal, il est (presque) impossible de savoir qui parle tant ce texte sous-titré “Nouveaux poèmes d’amour, du sexe et de la mère”, mixte la fusion initiale à celles qui lui succèdent pour s’en rapprocher.
De l’interdit et l’inter-dit surgissent la douce folie et le carnaval des sens. Jusqu’à la mort que l’on se donne et qui est donnée. Bataille n’est pas loin. Mais ici Madame Edwarda devient voyeuse. Et celui qui parle à la nue de nuées (qui d’une façon lui répond comme elle répond à son propre plaisir) crée un poème de l’amour fou. Il rend obsolète et pâlot celui chanté par Breton.
Les différents textes (j’aurais envie hein, j’ai envie NUE, j’ai envie d’eux, (il faudra bien un jour en passer par…), Folie, TUER, Mon Sexe est en Toi, j’ai ta voix ton image mais pas ton odeur, ah comme j’aimerais être sur ce…, j’aime quand tu me fautes, et après et après) disent l’amour de manière fractale mais néanmoins sans provocations inutiles : n’est là que ce qui est ou ce qui va advenir.
Les monotypes d’Alexandra Fontaine tressent et détressent ces emmêlements d’amour et leur chant réunis dans une simplicité assumée là où au fantasme fait place le corps. Son désir est ausculté au plus près de la fièvre. Un autre monde et une complétude l’appellent là où le plaisir absolu revient.
Ce n’est plus “enfer ou ciel qu’importe” de Baudelaire dont il s’agit. Seul le jardin d’Eden demeure. Par la racine terrestre, il projette jusqu’au ciel.
jean-paul gavard-perret
Alain Marc, J’aurais envie, Monotype d’Alexandra Fontaine, Editions Transignum, 2023, 24 p. - 22,00 €.