Pour son premier roman en vers et prose, l’auteur fait pénétrer en un monde technique et poétique, avec ses lois, ses codes, sa langue, ses épreuves et ses prouesses. Les héros — à savoir les conducteurs de trains — sont a priori des anonymes. Mais le narrateur en rajoute un peu pour qui connaît ce monde.
Toutefois, cette fiction n’est pas écrite pour des spécialistes mais pour le commun des mortels qui trouvera là bien des plaisirs de lecture.
A l’époque des machines de plus en plus sophistiquées, ces conducteurs de trains plus basiques sont auréolés d’une sorte de superbe. De tels hommes dominent d’une certaine manière des monstres ferroviaires de plusieurs tonnes.
Mattia Filice réinvente dans ce but une sorte de futurisme romantique nostalgique. L’univers industriel se métamorphose en une poésie qui n’a rien de désincarnée. Elle oeuvre par sa langue particulière sur un mode aussi épique que social dans ce qui tient du roman d’amour et de formation individuelle et collective.
Le métier est ici suffisamment romantisé pour faire oublier certains déboires que les usagers de la SNCF soumis à une certaine dictature connaissent bien et dont ils sont les dindons de farces à répétitions. Saluons l’originalité d’un roman qui sort des habituelles histoires dont il est le plus souvent le réceptacle.
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jean-paul gavard-perret
Mattia Filice, Mécano, P.O.L éditeur, Paris, 2023, 368 p. — 22,00 €.
Mattia Filice garde la vision romantica de Jean Gabin dans sa locomotive . Mais la nostalgie n’est plus ce qu’elle était et JPGP la réveille avec la SNCF du jour .