Cette pièce écrite à quatre mains est une fantastique mise en abyme ponctuée de l’interprétation photographique de lieux où cela s’est passé. A la réalité d’une époque révolue mais dont demeurent traces et puinés se mêle une strate du présent.
Se crée aussi une marche presque invisible entre le dehors et le dedans, l’imbrication amoureuse où tout se dit dans un exercice de pudeur de ce qui reste le pli caché des lettres qui s’écrivirent et qui deviennent d’une certaine manière sanctuarisées.
Nous sommes projetés de facto dans le parfait contraire du théâtre de boulevard et ses histoires de cocus. Car s’il peut s’agir encore de tromperie, elle prend ici un sens autre et une ouverture par laquelle dans un vase transparent une eau fraîche fuit.
Les mots ne se veulent pas d’esprit mais de coeur pour faire lever le voile, soulever le désir bien au-delà des rigidités des convenances sociales ou dramaturgiques. Et dans un lieu d’enfermement par excellence (un asile de “fous”) une hospitalité acquiert une dignité qui permet à l’obscur d’éclater.
L’écriture devient l’interprétation quasi musicale d’une passion, là où les morts remontent. Pas n’importe lesquels et non par n’importe qui. Les deux auteurs s’engagent ainsi dans une double “double histoire”.
Les cinq actes créent sous le sceau d’un classicisme revisité une économie libidinale à la fois distanciée mais brulante là où, comme chez Shakespeare, des morts revivent pour que le théâtre renaisse au-delà du temps. Et l’amour aussi.
jean-paul gavard-perret
Marie-Philippe Deloche & Gérard Touratier, Hospitalité des Lettres — suivi de Alexis Berar, De nos maisons et du mouvement de leurs pierres (Photographies) Editions Associations Libres, Corenc, 2022, 152 p. — 25,00 €.
Théâtre et amour renaissants dans l’hospitalité d’un asile . Poésie de JPGP qui tente de s’y retrouver …Associations libres au propre et au figuré . Tout est sibyllin .